samedi 10 décembre 2011

1) Gerta Ital : Une Pionnière Dans Un Grand Monastère Zen Au Japon


"Au Japon ainsi qu'en Allemagne, on m'a souvent demandé : Qu'est-ce qui vous a incité à aller au Japon ? Aviez-vous déjà étudié le Bouddhisme Zen ? Que veut dire exactement Zen ?" Et ainsi de suite.

La réponse à des pareilles questions ne pouvait forcément qu'être imparfaite. Pourquoi ? Parce qu'il ne peut y avoir qu'une seule réponse véritable à ces questions : la vie vécue de celle qu'on questionnait... Des décennies d'efforts spirituels et physiques ont précédé ce voyage et c'est dans la mesure où ma vie a été remplie par cette religion, c'est-à-dire par ce retour vers Dieu que je vais essayer d'en parler...

C'est en 1951 que le livre du professeur Herrigel : "Le zen dans l'art du tir à l'arc" me tomba entre les mains. Ce livre me bouleversa tellement que je lui écrivis."

C'est ainsi que Gerta Ital débute le récit de son périple intérieur qui la conduisit de l'Allemagne d'après guerre "vers les derniers Gardiens de la grande tradition Zen, vers le Japon."

Avec détermination, elle commence à apprendre le japonais à Berlin, rencontre le Père Lassalle, auteur de l'ouvrage : "Zen, la voie de l'illumination". Puis, en 1963, elle s'envole vers le Japon, rencontrant aussitôt de sérieux problèmes de santé qui l'affecteront durant tout son séjour.
Le Docteur Suzuki, auteur du célèbre ouvrage : Essais sur le bouddhisme zen, alors âgé de 93 ans, la reçoit et l'introduit auprès d'un maître qui l'accepte comme élève. Elle commence la pratique des koans sous sa direction, et, par chance, il parle assez bien anglais pour pouvoir communiquer avec elle.
Elle pratique alors huit heures de zazen par jour.

"Mon dos est comme rompu et mes genoux ne sont que douleur, mais je tiens bon. Grâce à cette persévérance, et sans m'en rendre compte, je m'étais conquis de vive force l'estime de toute le monde. Personne n'avait cru possible que quelqu'un venant d'Occident, une femme de surcroît, fut capable de rester "assise" de la façon réglementaire."

Elle ne tarde pas à connaitre une première expérience d'illumination. Un enchaînement de circonstances inévitables la mène alors à Kobe, vers celui qu'elle attendait : Roshi Mumon Yamada, le successeur direct de Hakuin et l'un maitres japonais les plus respectés.
En arrivant au temple, elle reconnait l'escalier dont elle avait rêvé bien des années auparavant, au sommet duquel se tenait une silhouette argentée qui l'encourageait.

En acceptant dans son monastère comme disciple une étrangère, une femme et une laïque de surcroît, Roshi Mumon Yamada brise les tabous de la tradition japonaise d'une façon radicale et déclenche ainsi une tempête de protestations à la fois dans et au dehors du monastère.
Tout en luttant avec sa pratique, Gerta Ital va devoir affronter, outre de pénibles difficultés de santé, des jalousies, des mesquineries et des cabales. Elle montre un courage incroyable et finit par atteindre les plus hautes réalisations spirituelles.

Elle conclut son premier ouvrage ainsi :

"Mon propre chemin, que j'ai essayé de décrire, a été très long et très pénible. Mais cela ne devrait décourager personne, car chaque être humain est différent des autres... Il n'y a ni dogme ni rien qui soit capable de vous rendre bienheureux. Il n'existe rien que la Vérité en tant qu'être vivant, et la seule chose à quoi tendent les efforts du Maître, c'est d'éveiller l'élève à la perception de cette Vérité.
La voie est ouverte à chacun(e), quelle que soit sa religion. Mais il doit la suivre. La manière dont il vaincra les diverses difficultés qui se présenteront et la façon dont il s'exercera le mèneront au but, même sans faire de voyage au Japon..".

Elle cite le Père Lassalle :
"L'illumination peut être atteinte par chacun, à condition qu'on emprunte le vrai chemin qui y conduit. Par elle-même, elle n'est ni bouddhique, ni chrétienne, ni d'aucune autre religion. On la trouve aussi bien dans l'Islam que dans le Christianisme, même si sa présentation particulière et ses méthodes ne sont pas les mêmes que dans le Yoga ou le Zen... Elle exigera toutefois des motifs d'ordre religieux ou une tendance vers l'Absolu et des efforts très grands qui sont indispensables, de même qu'une renonciation radicale."

Et enfin, elle conclut :
"Le chercheur qui a gravi une partie de cette voie et a vécu de nombreuses expériences exaltantes ne connait plus d'arrêt. Non seulement, il doit en donner des preuves dans sa vie extérieure, mais aussi sur la voie de son illumination.
De Grands Maîtres sont allés ainsi d'illumination en illumination, car ce qui a été atteint une fois doit être atteint de nouveau, doit être approfondi, doit être éprouvé et compris en tant qu'un tout complet et une multiplicité infinie, dans un aspect toujours nouveau."

C'est donc pour aller encore plus loin dans son cheminement intérieur qu'elle retournera au Japon quelques années plus tard, elle y découvrira la dure réalité de l'impermanence, connaitra d'autres épreuves et finira par triompher de tout ce qui l'empêchait d'atteindre son but ultime.

En relation avec le monde du zen, voir le livre de Sally Tisdale Women of the Way

Source Bouddhisme Au Feminin

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