lundi 11 janvier 2016

4 – Les femmes luttent pour la planete : Joana Macy


Joanna Macy, une enseignante renommée du bouddhisme, de l'éco-philosophie et érudite, est une activiste de longue date pour la paix, la justice, et les mouvements de l'écologie. Son vaste travail couvre la pensée orientale et occidentale et cherche à amener à la conscience humaine le point de vue des autres formes de vie, ainsi que celui des générations passées et futures.





A seize ans, Joanna Macy a vécu une très forte expérience de conversion au christianisme — son grand-père était ministre du culte congrégationaliste. Elle eut le sentiment qu’elle pouvait sonder les profondeurs de la Crucifixion en rapport avec le pardon qui annonçait lui-même la nature de la réalité. Plus tard elle s’engagea dans la pratique du bouddhisme tibétain. Eco-philosophe, sensible à la justice sociale et au mouvement pour la paix, passionnée par la Théorie Générale des Systèmes et la Deep Ecology, elle applique la compréhension bouddhique à notre propre civilisation occidentale déchirée et souffrante.

Quand pour la première fois j’ai réellement rencontré le Bouddha Dharma, ce fut une expérience si particulière et si forte que je n’ai jamais eu aucun doute à son sujet. En fait l’expérience se situait, par son intensité, au même niveau que l’expérience du pardon dans la chrétienté. Elle revenait à voir mon non-moi. Je voyageais en train quand c’est arrivé, traversant le Pendjab pour aller à Pathankot, lisant un livre sur le bouddhisme. Et assise là dans ce train bondé, avec la chaleur et les odeurs, il fut soudain absolument clair comme le jour que je n’existais pas de la manière dont je pensais exister. Cette prise de conscience s’accompagna d’une expérience que je ne peux comparer qu’à l’éclatement d’un grain de pop-corn. C’était comme si l’intérieur se répandait sur l’extérieur, et je regardais avec une joie émerveillée. J’eus alors une sensation de soulagement inexprimable : « Je n’ai besoin de rien faire avec le moi, je n’ai pas besoin de l’améliorer ou de le rendre bon, de le sacrifier ou de le crucifier. Je n’ai besoin de rien faire, car il n’existe même pas. Tout ce que je dois faire, c’est reconnaître qu’il s’agit d’une convention, d’une fiction. »


J’éprouvais un immense sentiment de délivrance, et avec lui vint soudain, immédiatement, le sentiment que c’était une délivrance qui permettait d’agir. Immédiatement surgit cette pensée : « Désormais, cela me permettra de risquer et d’agir au nom de tous les êtres. » Cela semblait en parfait accord avec l’immense besoin de justice sociale si nécessaire à notre époque.

Joanna Macy, entretien avec Anne Bancroft, Femme en quête d’absolu, Albin Michel

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