Nous avons présenté Upasika Kee Nanayon dans le numéro 8 du magazine.
Jeanne Schut vient de traduire en français un recueil de ses enseignements en gardant le même beau titre que la version anglaise : Pure et Simple
Upasika Kee Nanayon a été la plus éminente enseignante femme du XXème siècle en Thaïlande.
Née en 1901 dans la famille d'un marchand chinois de Rajburi, une ville à l'ouest de Bangkok, elle était l'aînée de cinq enfants – ou, si l'on inclut les enfants de la seconde femme de son père, l'aînée de huit.
Sa mère était une femme pieuse et lui enseigna très tôt les rudiments de la pratique bouddhiste comme les chants du soir et les observances des préceptes.
Elle décrivit plus tard comment, à l'âge de six ans, elle fut rempli d'une telle peur et d'une telle répugnance devant les souffrances de sa mère durant la grossesse et la naissance de l'un de ses frères et soeurs qu'en voyant le nouveau né pour la première fois – dormant paisiblement, une petite chose rouge avec des cheveux très noirs – elle s'enfuit de la maison pendant trois jours.
Cette expérience, ajoutée à l'angoisse qu'elle dut ressentir quand ses parents se séparèrent, représenta sans doute l'un des éléments qui jouèrent dans la décision qu'elle prit quand elle était encore jeune, de ne jamais se soumettre à ce qu'elle regardait comme l'esclavage du mariage.
Durant son adolescence, elle s'occupa d'un petit magasin pour aider son père alors âgé et consacra tout son temps libre à des ouvrages sur le dhamma et à la méditation.
Sa méditation progressait suffisamment pour qu'elle en arrive à enseigner à son père la méditation avec d'assez bon résultats durant la dernière année de sa vie.
Après la mort de celui-ci, elle poursuivit son travail au magasin avec la pensée d'économiser suffisamment d'argent pour pouvoir vivre le reste de sa vie dans un lieu retiré et se dédier tout entière à la pratique.
Sa tante et son oncle, qui étaient également intéressés par le dhamma avaient leur petite maison près d'une colline boisée où elle se rendait souvent pour pratiquer.
Après la guerre, en 1945, elle transmit son magasin à une sœur plus jeune, rejoignit sa tante et son oncle sur la colline où ils commencèrent une vie entièrement consacrée à la méditation, devenant upasaka et upasika – disciples laïcs (homme et femme) du Bouddha – Leur lieu de pratique était un monastère abandonné qui devint par la suite le noyau d'un centre de pratique pour femmes qui s'est développé jusqu'à nos jours.
Au début, de petits groupes d'amis et de parents leur rendaient visite de temps à autre pour les soutenir et écouter les causeries sur le dhamma de Upasika Kee. Comme le bruit se répandit du haut niveau de ses enseignements et de sa pratique, de plus en plus de monde vint la voir et de plus en plus de femmes se joignirent à la communanuté.
Plusieurs de ses disciples décidèrent de prendre la robe de nonne (simple ordination de novice à 8 préceptes - voir à ce sujet l'article dans le n° 3 du magazine), elle-même choisit de rester une laïque consacrée (upasika) toute sa vie.
Elle laissa derrière elle de nombreuses causeries enregistrées ainsi que de la poésie qui furent imprimés et largement distribués, contribuant à la faire connaître comme l'un des enseignants du Dhamma – homme ou femme - les plus connus de Thaïlande.
Upasika Kee est un genre d'autodidacte. Bien qu'elle ait collecté les rudiments de la pratique de la méditation durant ses fréquentes visites à des monastères durant sa jeunesse, elle pratiqua principalement seule, sans étude formelle auprès d'un enseignant. La plupart de ses causeries sont basées sur des textes – le canon pâli et des œuvres d'enseignants contemporains – mais qui ont été testés au creuset de sa propre honnêteté incessante.
Elle a quitté ce monde paisiblement en 1978 en laissant le centre à un comité choisi parmi ses membres.
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