Sixième
message pour la retraite d'hiver 2016-2017
3 Février 2017 , Rédigé par Maison de l'Inspir
Chère Sangha, en grande progression dans l'éveil, voici notre sixième
message pour cet hiver ! Avec nos meilleures appréciations et encouragements
pour votre pratique !
La concentration, sixième facteur
d'éveil
La concentration (samadhi), est avec la Pleine Conscience et la
vision profonde un des piliers de la pratique. En traduisant samadhi par
concentration, nous nous heurtons aux difficultés inhérentes des traductions.
En consultant le glossaire du Cœur des enseignements du Bouddha, nous pouvons
voir que Thầy nous offre plusieurs entrées et si nous consultons un
dictionnaire Pali-français par exemple nous pouvons y trouver : « accord, paix,
réconciliation ou état de calme caractérisé par l'harmonie de l'esprit et la
non-confusion résultant de la pratique de la méditation »
Unification de l'esprit … et du corps : - imaginons que notre corps soit
séparé en plusieurs morceaux, un bras par-ci, une jambe par-là, le tronc, sous
un arbre, la tête ailleurs… et notre esprit serait sûrement lui aussi très
dispersé car nous savons bien que la première caractéristique de l’esprit c’est
le corps. Imaginons alors qu’en poussant un grand cri très fort nous puissions
d’un seul coup réunir toutes les parties de notre corps et que celui-ci
retrouve son intégrité complète, nous serions donc pleinement conscients de ce
corps, et du même coup de notre esprit, nous pourrions alors voir que la
concentration c’est l’absence de dispersion.
Nous connaissons tous la concentration et la pratiquons depuis notre plus
jeune âge, c'est un élément essentiel de notre vie quotidienne. Mais en
sommes-nous vraiment conscients ? Quelle est l’intention qui sous-tend cette
concentration ? Est-ce une concentration appropriée ? Sommes-nous en accord
avec les Entrainements ?
La concentration est un facteur d'éveil qui s'harmonise avec les autres
facteurs, et que serait-elle sans pleine conscience, sans joie sans détente ?
Nous savons bien que pour atteindre un état de pleine conscience nous devons au
début faire un petit effort de concentration, sur notre corps, sur notre
souffle, puis lorsque cette pleine conscience du corps et du souffle est
présente et paisible, alors peu à peu notre concentration se renforce et se
nourrit. Nous avons besoin de la concentration pour être en pleine conscience,
et cette pleine conscience nourrit et renforce la concentration.
Ce sont les deux aspects de la concentration, proposés par Thầy dans le
chapitre sur la concentration juste (Le Cœur des Enseignements du Bouddha),
à savoir : la concentration active et la concentration sélective.
Nous vous proposons d'explorer ces deux aspects à travers des propositions
de pratique :
- la concentration sélective :
« C'est choisir un objet et s'y maintenir » Quand sommes-nous
conscients de pratiquer une concentration sélective ?
- Au cours des gestes de la vie quotidienne : prendre le temps de revenir à
sa respiration et pouvoir se dire : « je suis concentré(e) sur ce que je fais à
cet instant », comme préparer le repas, éplucher les légumes… « j'ai conscience
d'être concentré sur mes gestes ». Nous pouvons aussi nous interroger : est-ce
une concentration appropriée ?
- Dans les moments privilégiés de pratique formelle de la méditation, avoir
conscience de sa posture assise, d’une colonne vertébrale bien établie dans sa
courbure naturelle, concentré(e) sur le souffle ; avoir conscience d'être
concentré sur ses pas lors de la marche méditative, laisser s’établir une
concentration harmonieuse en lien avec nos pas et notre souffle
- prendre conscience que notre mental, plus particulièrement Manas, est toujours
prêt à nous distraire quand il se sent menacé et trouve beaucoup d'astuces pour
éviter que nous restions concentrés et nous dit « j'ai trop chaud, trop froid,
l'oreille me gratte, etc… ». Il ne s'agit pas de faire de l'héroïsme mais
d'être conscient : « là il y a une douleur qu'il faut soulager, ou bien là
c'est mon esprit qui me pousse à la distraction »
- La concentration active
« En pratiquant la concentration active, on accueille tout ce qui se
passe dans l’instant présent, même si cela change»
C'est une concentration ouverte, spacieuse que nous pratiquons quand Thầy
nous invite à être dans nos pas, ouvert à la nature, au chant des oiseaux. Au
fil de nos pas, de notre marche méditative, attentifs, nous sommes pleinement
conscients(e) de notre environnement immédiat qui va se révéler de lui-même à
nos regards.
- Essayons de pratiquer ainsi la marche méditative : - allons au
bord d’une rivière, ou bien le long d’un bois, d’une forêt, ou encore sur la
crête d’une colline, puis pratiquons la concentration active qui inclut notre
corps, nos pas, notre respiration, puis peu à peu au fil de la marche nous
incluons aussi tout ce qui se présente autour de nous, afin de ne faire qu’un
avec notre entourage, les arbres, les champs, la rivière, le chemin où l’on
marche, les personnes que nous croisons, les paysages… le sourire d’un enfant.
Puis nous ne les voyons plus et les laissons partir paisiblement sans avoir
l’idée de les garder juste pour soi.
« Le vent souffle dans le bambou
et le bambou danse.
Quand le vent s'arrête,
le bambou pousse en silence… »
* commentaire de Thầy: « Le vent se lève et le bambou l’accueille. Le vent
s’en va et le bambou le laisse partir »
« En pratiquant la concentration active, on accueille tout ce qui vient.
On ne pense à rien d’autre et on ne rêve de rien. On est simplement établi dans
le moment présent de tout son être. Tout ce qui vient, vient. Lorsque l’objet
de notre concentration est passé, notre esprit reste clair comme un lac
paisible. »
Voici un deuxième aspect de la pratique de la
concentration :
- assis calmement au pied d’un arbre, ou sur un coussin, une chaise, chez
soi, dirigeant notre attention sur le souffle, sur notre posture, nous accueillons
tout ce qui se produit dans notre mental au moyen de la reconnaissance pure,
car nous savons bien que nous ne pouvons pas arrêter le flux de nos pensées.
Exemples :
* Lorsque nous avons un souci, une inquiétude, juste nous reconnaissons que
c’est un souci ou une inquiétude, et nous accueillons cela tel quel sans en
être affligé(e) particulièrement.
* Lorsque nous avons de la joie ou de la compassion, juste nous
reconnaissons que c’est un sentiment de joie ou de compassion, et nous les
accueillons tels quels sans être emporté(e) par de l’euphorie par exemple.
* Si nous n’avons pas de pensée particulière, c’est-à-dire si nous avons
une pensée neutre, alors reconnaissons-la aussi simplement. Cependant une
pensée neutre peut aussi devenir une pensée agréable du simple fait de notre
posture stable et concentrée.
« …Un oiseau argenté vole sur le
lac d’automne.
Lorsqu’il est passé, la surface du
lac n’essaie pas de retenir son image. » TNH
* commentaire de Thầy: « Une fois l’oiseau passé, le lac reflète les
nuages et le ciel avec la même clarté. »
Proposition de lecture :
- Les quatre niveaux de concentration : - nous vous
invitons à être curieux et à vous pencher sur les textes traduits de Maître
Tăng Hội par Thầy - (Page 40 et
suivantes). Nous découvrirons les quatre états de concentration rencontrés
au cours de la méditation qui est une des Six Paramitas : Dhyana Paramita – La
Perfection de la Méditation.
Poème d’un ami :
« Cheminant dans la campagne, ce
matin de bonne heure,
Le corps et l’esprit se rejoignent
au firmament ;
Chaque pas, chaque souffle, est
aussi frais qu’une fleur.
Dans la brise, les arbres nous
livrent leur Enseignement. » CLT
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