samedi 24 décembre 2011

3) Maura O’Halloran : Une Americano-Irlandaise devient une Boddhisattva au Japon

Maura 0'Halloran

Dans un petit monastère bouddhique de la région Nord du Japon s’élève la statue d’une jeune Américano-Irlandaise, qui y vécut au début des années 1980.
Sur la statue dédiée à Maura et figurant au Kannonji
(l’un des deux monastères où elle résidait), figure l’inscription suivante :
Maura Kannon

Madamoiselle Maura O’Halloran (une brève histoire)
Elle est devenue nonne le 10 octobre de la 54ème année de l’ère Showa (1979) au temple Toshoji et a accompli mille jours de pratique zen continue dans les temples Toshoji et Kannonji. Sa pratique journalière incluait trois heures de sommeil en position de zazen et vingt heures consacrées aux études afin d’atteindre le salut, non seulement pour elle, mais pour tous les êtres humains.

Le 7 août de la 57ème année de l’ère Showa (1982), elle a reçu le certificat autorisé de « l’illumination acquise ».
Le 22 octobre, âgée de vingt-sept ans, elle a perdu la vie dans un accident de la route à Chang-Maï en Thaïlande, alors qu’elle était sur le chemin du retour en Irlande.
Elle a reçu le nom posthume de « Grande Dame illuminée, participant du coeur et de l’esprit du Grand Maitre Bouddha ». Melle Maura a été une vraie incarnation de Kannon Bosatsu, qu’il faut aimer et respecter toujours.
Nous dédions la présente statue de Maura Kannon à son extraordinaire souvenir.
Jour du Nirvana (15 février) de la 58ème année de l’ère Showa, par Testsu-gyu So-in fondateur du temple Kannonji.
Pendant les trois ans de sa formation zen à lwate et à Tokyo, on la connut sous le nom de Maurasan, ou sous son nom monastique, Soshi-san. En 1982, Maura reçut la transmission de son roshi (maître). Six mois plus tard, elle disparaissait dans un accident d’autocar.
Une étoile filante dans le ciel bouddhiste, une brève trace, d’autant plus émouvante qu’elle a un goût d’inachevé, un visage radieux photographié quelques jours avant sa mort.
Ce qu’on sait d’elle, quelques notes prises lors de son séjour au Japon en tant que nonne dans la tradition soto.
A ces notes trop laconiques pour nous s’ajoutent quelques lettres, un portrait esquissé par sa mère, voilà ce qui reste du cheminement spirituel exceptionnel de cette jeune femme morte à 27 ans.
Contrairement à Jiyu Kennett présentée également dans ce numéro, elle ne rencontrera pas d’obstacles majeurs avec les moines dans ce monastère qui est petit, familial, et où le maître, lui-même exceptionnel, reconnaitra en elle son héritier, vainement cherché depuis tant d’années.
Il verra en elle quelqu’un de si déterminé à sa pratique qu’elle parcourrera en trois ans un chemin que peu font en une vie.
Il faut découvrir le livre qui est tout ce qui reste d’elle sur le plan de la manifestation, un livre qui, par une chance inouïe, a été traduit en français.
Combien ce nom — car « Coeur Pur » » est le nom que lui a donné son maître — combien ce nom lui convient. Tout au long du livre, elle montre une telle honnêteté avec elle-même, sans fard, c’est cela qui touche plus que tout.
Parfois on a du mal à identifier les différents intervenants de ce journal, forcément, elle n’explique pas puisqu’elle écrit pour elle, mais on sent une atmosphère, un tempérament, un courage, c’est ce qui compte.
Sa vie au Japon se sera déroulée dans deux petits monastères abritant quelques moines avec qui elle pratiquera méditation, chant de sutras, travail et mendicité monastique.
L’épigraphe ci-dessous, rédigée par son maître ainsi que l’inscription figurant sur la statue élevée à son nom disent assez l’estime dans laquelle elle était tenue et le souvenir hors du commun que son passage a laissé sur ceux qui l’ont connue.
Voici cette épigraphe unique rédigée par son maitre :
« Elle a accompli en vingt-sept ans ce que Shakuson (le Bouddha Skayamouni) a mis quatre-vingt ans à accomplir. Elle a achevé avec succès la pratique des mille jours de Dogen. Ensuite elle a immédiatement quitté cette vie pour commencer à travailler au salut des masses dans sa vie prochaine ! Qui a jamais connu un Bouddha travaillant aussi durement, avec autant de courage que Maura ? Je suis incapable d’exprimer mon étonnement. «  BAN TETSUGYU

dimanche 18 décembre 2011

2) Jiyu Kennett : Une Pionnière Anglaise Devient Pretre Zen Au Japon

La Vénérable Jiyu Kennett d’origine anglaise est la fondatrice aux Etats-Unis de l’ordre des Bouddhistes contemplatifs dans la tradition soto du Zen. Elle se rendit au Japon dans les années soixante, après avoir rencontré à Londres un maitre zen qui l’invita à venir se former dans son monastère. Elle découvrit qu’elle y était la seule femme postulante et de surcroît, la seule étrangère. Aussi lui fallut-il faire preuve d’une détermination hors du commun pour surmonter tous les obstacles qui l’attendaient. Finalement, elle obtint la pleine ordination et un temple où elle assuma pleinement son rôle de prêtre, temple qui devint, selon la coutume au Japon, son bien propre qu’elle pouvait transmettre.

Alors que Tenzin Palmo médita pendant des années dans une complète solitude, c’est dans un grand monastère où elle n’était jamais vraiment seule que se déroula le cheminement spirituel de Jiyu Kennett. L’une affronta la rigueur du froid, la solitude de la grotte, l’autre se trouva confronté à des préjugés, à des mesquineries, à des méchancetés même. Mais, au bout du compte, c’est leur sincérité qui les a mené à des expériences spirituelles qui leur ont permis de parler avec autorité en la matière.

Lorsque Tenzin Palmo est revenu en Occident, elle a découvert la tradition mystique chrétienne et elle a constaté la similitude avec sa propre expérience. Jiyu Kennett elle aussi, après avoir connu ce que le zen appelle un « Kensho », l’illumination, a compris que la Nature-de-bouddha n’est que l’autre nom de l’Eternel, ainsi qu’elle l’appelle. C’est pourquoi elle a choisi de nommer la fondation qu’elle a créé aux Etats-Unis: l’ordre des bouddhistes contemplatifs.

La santé de la Vénérable Jiyu Kennett a été irrémédiablement altérée lors de son séjour au Japon. Elle y a gagné cinquante kilos en très peu de temps, probablement à cause d’un début de diabète et a connu des complications suite à l’opération tardive d’une tumeur qui avait échappé aux médecins japonais en raison de sa trop grande taille. Elle a quitté ce monde en 1996, à l’âge de soixante-douze ans.


Extraits de l’interview de la Vénérable Jiyu Kennett dans « Meeting with remarkable women » de Leonore Friedman (voir livres)

- « Dans votre ouvrage « How to grow a Lotus Blossom », il y a un sentiment très fort que ce qui  a compté le plus pour vous dans votre vie c’est :
   
- Connaître l’Eternel

- C’est cela, être un moine, Connaître l’Eternel et l’enseigner à ceux qui veulent savoir. Et vous insistez sur le fait de ne pas faire d’erreur, de devenir parfaite.  Qu’est-ce que vous voulez dire exactement ? Est-ce que cela a un rapport avec les préceptes, avec la morale ?

- ça a à voir avec le fait de regarder toute chose que l’on fait en se posant trois questions : premièrement, est-ce que j’agis par ignorance, si oui, c’est mal. Si je peux répondre par la négative à cette question, je peux me poser la suivante : Suis-je en train d’agir pour le bien ? Si je peux dire oui à cette question, je vais à la troisième. Est-ce que c’est pour mon bien ou pour celui des autres ? En d’autres termes est-ce que ce que je m’apprête à faire va avoir pour cause que d’autres agissent de façon erronée ? Et si je peux dire  non à cette question, alors je peux faire ce que je m’apprête à faire.

- Vous parlez de pureté ?


- Les choses doivent être faites sous cet angle. Personne ne va vous dire ce que vous devez faire ou non. Vous-même vous devez veiller à ce que vous êtes en train de faire. De quelle manière puis-je faire le moins de mal possible ?  Et accepter d’en assumer les conséquences. De toute façon, on est obligé d’agir.
Des gens viennent me dire : qu’est-ce que le Bouddhisme dit à propos du pacifisme ? et ma réponse est : Si vous allez dans l’armée, vous devrez tuer. Et il y aura des conséquences. Si vous êtes un pacifiste, la loi de ce  pays dit que vous irez en prison. S’il s’agit d’une guerre comme la seconde guerre mondiale, durant laquelle des millions de gens ont été tués, qu’est-ce que votre conscience vous dicte ? Il n’y pas de Sauveur qui peut vous dire : « tu ne dois pas », la seule personne qui peut faire cela, c’est vous-même. Et quel que soit votre choix, vous devrez en assumer les conséquences. Et c’est pour cela que je dis aux gens que le Bouddhisme n’est pas pacifiste. « Oh, vous êtes belliqueuse ! » Non, je ne suis pas belliqueuse non plus.

- Le bouddhisme est souvent ni ceci, ni cela

- Il s’agit d’une troisième position, qui signifie que vous devez devenir un véritable adulte. C’est une religion pour adultes spirituels, pas pour des enfants spirituels avec un père fouettard et un gros bâton.

- à un autre endroit, vous dites que le Bouddhisme est souvent regardé comme une façon de vivre et non comme une religion.

- ce qui est en contradiction avec la plus vieille des écritures du canon Pali, le sutra Uddhana, dans lequel le Bouddha déclare (à propos de la troisième position, comme je l’appelle, entre bien et mal) « O moines, il y a un non-né non-mort, non changeant, non créé, si cela n’était pas, il n’y aurait aucune raison pour vivre ou pour apprendre ». Le Bouddhisme dit ce que l’Eternel n’est pas (j’utilise le terme Eternel plutôt que Dieu. Dieu évoque une déité avec une barbe et un long bâton). Il ne dit pas ce qu’Il est car sinon on resterait englué dans un concept. Le Bouddhisme ne dit que ce que nous savons comme certain, il ne dit pas ce qui repose sur la foi. Nous devons trouver cela par nous mêmes « cela qui est non né etc.. «  mais nous ne pouvons pas dire ce que c’est. Par conséquent, nous l’appelons Mu ou « Rien » ou « Vacuité » ou, comme mon maître l’appelait : « L’état immaculé  de la Vacuité », ce qui la  meilleure description que j’ai jamais rencontrée. Aussi, le bouddhisme n’est définitivement pas irréligieux, c’est tout à fait une religion. ».(...)

Les femmes venaient juste d’obtenir le droit de vote en Angleterre quand Peg Kennett, âgée de cinq ans commença d’aller à l’école. C’était une école privée très snob, très chère, pour des enfants de riches. Mais ses enseignantes étaient très largement des suffragettes militantes, qui n’avaient  pas hésité à s’enchaîner à des rails pour faire entendre leurs demandes pour l’égalité des droits. A présent, fortes de leur victoire, elles ne perdaient pas de temps pour inculquer à leurs jeunes brebis  l’absolue conviction qu’elles pouvaient faire ou devenir tout ce dont elles rêvaient. « Vous devez savoir ce que nous avons fait » disaient-elles « Nous avons lutté pour vous, pour vos droit. Maintenant, vous devez préserver ces droits ». Le message de toute l’école était clair : « Vous n’êtes pas inférieures, vous êtes tout sauf de deuxième classe »

La petite fille qui se nommerait Roshi Kennett, abbesse de Shasta Abbey, apprit bien la leçon. Et ce qu’elle voulait devenir, c’était moine. (...)

Après avoir terminé des études musicales universitaires, Peg Kennett travailla comme organiste dans une église.  Elle était surqualifiée, mais elle était aussi une femme et l’Eglise Anglicane n’avait pas le même état d’esprit que ses professeurs. Finalement, elle trouva une église si pauvre qu’ils ne pouvaient pas se payer un organiste homme. Après y avoir travaillé pendant dix ans et de façon brillante, elle fut informée qu’ils avaient trouvé un homme qui acceptait de travailler pour « la misérable pitance qu’ils me donnaient.  Je fus jeté dehors, après dix ans, parce que j’étais une femme »

Des années plus tard, dans un écrit sur les femmes et le bouddhisme publié par Shasta Abbey, elle écrivait : « voilà la situation dans laquelle les femmes ont été depuis des siècles, voilà la situation qui nécessite d’être changée. Je ne peux vous décrire le dégât que cela a causé en moi. Toutefois, il en est sorti quelque chose de bon. Cela m’a renvoyé  étudier vers ma religion originelle, le Bouddhisme, cela m’a conduit vers l’Extrême Orient, permettant que je découvre que j’étais capable. Au début, je regardais dans la mauvaise direction ; je cherchais l’égalité dans le travail au lieu de réaliser que la véritable égalité vient de l’intérieur. Je cherchais à l’extérieur une reconnaissance au lieu de réaliser que je devais d’abord me reconnaître comme complète.

Une fois que l’on connaît sa propre perfection, sa propre Nature de Bouddha, sa propre âme, la question d’être compétente ou non ne se pose plus, et cela n’a plus aucune importance. Que l’on berce un enfant, que l’on extrait du charbon dans une mine ou que l’on soit homme de loi ou médecin, tout travail est égal dans l’Esprit de Bouddha, tout travail est celui d’un Bouddha. »

La seule raison pour laquelle elle s’écarta du Christianisme, me dit Roshi Kennett, fut cet appel intérieur si profond de devenir un prêtre. Et pour une femme, « il n’y avait aucun moyen de devenir prêtre dans le christianisme. »  C’est le sexisme de l’Eglise Anglicane qui la poussa à couper ses liens avec le christianisme et à devenir finalement moine dans un pays étranger, dans une religion étrangère, dans une langue étrangère.

Ce ne fut pas chose facile. L’histoire est contée en détail dans les deux volumes de son autobiographie : The Wild White Goose. Elle rapporte de très dures épreuves pour l’esprit et le corps, y compris malnutrition, ostracisme, maladie ainsi que sa réalisation de l’essence de l’expérience religieuse qui transcende les mots, les étiquettes, les dénominations. Peg Kennett trouva ce pour quoi elle avait quitté l’Angleterre et le Christianisme. Quelles que soient les difficultés qu’elle ait pu connaître au Japon, elle fut inspirée et aidée par des mots des Ecritures bouddhistes comme ceux ci : « Une petite fille de sept ans peut même être l’enseignant des quatre classes de Bouddhas et la mère d’une vraie compassion envers tous les êtres vivants. »

L’un des plus grands enseignement du Bouddhisme est son insistance sur l’égalité complète des sexes.  Ce passage ci-dessus est extrait du Shobogenzo, traité écrit par Dogen-zenji, un Maitre Zen du 13ème siècle lui fut montré par son mentor japonais, chef abbé de l’un des temples majeurs du Japon, tandis qu’elle était encore postulante. « C’est pourquoi j’ai pu supporter toute cette idiotie au Japon, dit-elle. Cela m’est égal que certains se conduisent comme des idiots, tant que les plus grands affirment la vérité de cette égalité, je les crois. C’est là dessus que j’ai basé ma foi, j’ai gardé mon attention sur ceux qui comptaient et non sur les idiots. Il y en a toujours, et il y en aura toujours. Mais plus les églises disent que les femmes sont égales, moins vulnérables nous serons. Du moment que les églises affirment notre égalité, le reste du monde ne compte pas. Et comme le reste du monde ne compte pas, cette égalité viendra. Tant que nous savons que nous avons des droits inaliénables, on devra d’une façon ou d’une autre nous les accorder. »

La question de l’Egalité des Droits dit-elle n’est pas à propos de qui fait le travail mais « qui a une âme et qui n’en a pas », c’est la spiritualité des femmes qui est au coeur de cela. Aucune femme ne sera certaine, absolument, qu’elle est « égale » jusqu’à ce qu’elle connaisse avec la certitude que j’ai moi-même que sa propre Nature de Bouddha, ou sa propre âme existe. »

samedi 10 décembre 2011

1) Gerta Ital : Une Pionnière Dans Un Grand Monastère Zen Au Japon


"Au Japon ainsi qu'en Allemagne, on m'a souvent demandé : Qu'est-ce qui vous a incité à aller au Japon ? Aviez-vous déjà étudié le Bouddhisme Zen ? Que veut dire exactement Zen ?" Et ainsi de suite.

La réponse à des pareilles questions ne pouvait forcément qu'être imparfaite. Pourquoi ? Parce qu'il ne peut y avoir qu'une seule réponse véritable à ces questions : la vie vécue de celle qu'on questionnait... Des décennies d'efforts spirituels et physiques ont précédé ce voyage et c'est dans la mesure où ma vie a été remplie par cette religion, c'est-à-dire par ce retour vers Dieu que je vais essayer d'en parler...

C'est en 1951 que le livre du professeur Herrigel : "Le zen dans l'art du tir à l'arc" me tomba entre les mains. Ce livre me bouleversa tellement que je lui écrivis."

C'est ainsi que Gerta Ital débute le récit de son périple intérieur qui la conduisit de l'Allemagne d'après guerre "vers les derniers Gardiens de la grande tradition Zen, vers le Japon."

Avec détermination, elle commence à apprendre le japonais à Berlin, rencontre le Père Lassalle, auteur de l'ouvrage : "Zen, la voie de l'illumination". Puis, en 1963, elle s'envole vers le Japon, rencontrant aussitôt de sérieux problèmes de santé qui l'affecteront durant tout son séjour.
Le Docteur Suzuki, auteur du célèbre ouvrage : Essais sur le bouddhisme zen, alors âgé de 93 ans, la reçoit et l'introduit auprès d'un maître qui l'accepte comme élève. Elle commence la pratique des koans sous sa direction, et, par chance, il parle assez bien anglais pour pouvoir communiquer avec elle.
Elle pratique alors huit heures de zazen par jour.

"Mon dos est comme rompu et mes genoux ne sont que douleur, mais je tiens bon. Grâce à cette persévérance, et sans m'en rendre compte, je m'étais conquis de vive force l'estime de toute le monde. Personne n'avait cru possible que quelqu'un venant d'Occident, une femme de surcroît, fut capable de rester "assise" de la façon réglementaire."

Elle ne tarde pas à connaitre une première expérience d'illumination. Un enchaînement de circonstances inévitables la mène alors à Kobe, vers celui qu'elle attendait : Roshi Mumon Yamada, le successeur direct de Hakuin et l'un maitres japonais les plus respectés.
En arrivant au temple, elle reconnait l'escalier dont elle avait rêvé bien des années auparavant, au sommet duquel se tenait une silhouette argentée qui l'encourageait.

En acceptant dans son monastère comme disciple une étrangère, une femme et une laïque de surcroît, Roshi Mumon Yamada brise les tabous de la tradition japonaise d'une façon radicale et déclenche ainsi une tempête de protestations à la fois dans et au dehors du monastère.
Tout en luttant avec sa pratique, Gerta Ital va devoir affronter, outre de pénibles difficultés de santé, des jalousies, des mesquineries et des cabales. Elle montre un courage incroyable et finit par atteindre les plus hautes réalisations spirituelles.

Elle conclut son premier ouvrage ainsi :

"Mon propre chemin, que j'ai essayé de décrire, a été très long et très pénible. Mais cela ne devrait décourager personne, car chaque être humain est différent des autres... Il n'y a ni dogme ni rien qui soit capable de vous rendre bienheureux. Il n'existe rien que la Vérité en tant qu'être vivant, et la seule chose à quoi tendent les efforts du Maître, c'est d'éveiller l'élève à la perception de cette Vérité.
La voie est ouverte à chacun(e), quelle que soit sa religion. Mais il doit la suivre. La manière dont il vaincra les diverses difficultés qui se présenteront et la façon dont il s'exercera le mèneront au but, même sans faire de voyage au Japon..".

Elle cite le Père Lassalle :
"L'illumination peut être atteinte par chacun, à condition qu'on emprunte le vrai chemin qui y conduit. Par elle-même, elle n'est ni bouddhique, ni chrétienne, ni d'aucune autre religion. On la trouve aussi bien dans l'Islam que dans le Christianisme, même si sa présentation particulière et ses méthodes ne sont pas les mêmes que dans le Yoga ou le Zen... Elle exigera toutefois des motifs d'ordre religieux ou une tendance vers l'Absolu et des efforts très grands qui sont indispensables, de même qu'une renonciation radicale."

Et enfin, elle conclut :
"Le chercheur qui a gravi une partie de cette voie et a vécu de nombreuses expériences exaltantes ne connait plus d'arrêt. Non seulement, il doit en donner des preuves dans sa vie extérieure, mais aussi sur la voie de son illumination.
De Grands Maîtres sont allés ainsi d'illumination en illumination, car ce qui a été atteint une fois doit être atteint de nouveau, doit être approfondi, doit être éprouvé et compris en tant qu'un tout complet et une multiplicité infinie, dans un aspect toujours nouveau."

C'est donc pour aller encore plus loin dans son cheminement intérieur qu'elle retournera au Japon quelques années plus tard, elle y découvrira la dure réalité de l'impermanence, connaitra d'autres épreuves et finira par triompher de tout ce qui l'empêchait d'atteindre son but ultime.

En relation avec le monde du zen, voir le livre de Sally Tisdale Women of the Way

Source Bouddhisme Au Feminin

dimanche 27 novembre 2011

Les Grandes Voyageuses - 5 - Elles ont conquis le monde



Les Grandes Aventurières 1850-1950 :
Elles ont conquis le monde  
, Alexandra Lapierre, Christel Mouchard
Format : 20 x 26 cm
Nb de pages : 237
Date de parution : 2007

L'obéissance, c'est la mort !
En commençant par ces mots son premier livre, qu'elle intitule Pour la vie* Àlexandra David-Néel a déjà tout dit. Avec cet aphorisme, elle conteste les idées reçues, lie l'aventure et l'écriture, éclaire la genèse de son propre cheminement et    raconte d'un trait toute l'histoire des Grandes Aventurières.
Leur curiosité du monde et la quête de leur propre vérité passent par ce courage-là : celui de désobéir.
Qu'est-ce que l'Aventure au féminin ?

Si parler d'aventure, c'est parler d'hommes et de femmes mus par la passion des confins, le mot Aventurière lui, n'évoque ni le départ, ni l'éloignement, ni le voyage. Plutôt l'ambition, l'intrigue et l'amour vénal. Même au xxe siècle, quand l’« aventure » prend le sens que lui donne Malraux - aller plus loin -, les aventurières ne sont pas « celles qui s'avancent dans l'inconnu ». Il faut leur adjoindre un qualificatif pour qu'elles se distinguent de la cohorte des espionnes et des courtisanes : les Grandes Aventurières - Mais, peine perdue, Malraux plaisante : « Les hommes ont les voyages, les femmes ont des amants ! »

Aux hommes, donc, la conquête des terres, aux femmes la conquête des hommes ;
Comment pourrait-il en être autrement ?

Depuis la nuit des temps, jusqu'au XXe siècle dans les pays latins du sud de l'Europe, les femmes appartiennent stricto sensu aux mâles de leur famille. Elles appartiennent légalement à leur père quand elles sont vierges, à leur époux quand elles sont mariées, à leurs fils quand elles sont veuves.
Considérée comme mineure à vie, une jeune fille, une femme ne peut signer un contrat, accroître ou vendre un bien, voyager, subsister, sans l'assentiment des hommes. Contester cette loi signifierait prendre tous les risques et, notamment, le risque de perdre l'essentiel : sa place dans l'univers, son époux, ses enfants, sa vie familiale, sociale ou professionnelle. « Mais de quelle vie me parlez-vous ? » s'insurge l'exploratrice Freya Stark, la femme qui découvrit, en solitaire, la vallée des Assassins au cœur de l'Iran en 1930. « Il ne peut y avoir de vie, de vraie vie, quand les choses en lesquelles nous croyons sont différentes de celles que nous faisons. »

En quoi croyait Freya Stark ? Qu'était-ce donc pour elle que cette vraie vie, la seule qui vaille la peine d'être vécue ?

« Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre », répond dans un écho douloureux l'écrivaine voyageuse Anne=marie Schwarzenbach, « ni de réussir pour persévérer. » « J'aime cette vie sauvage », achève Odette du Puigaudeau, traversant pieds nus le désert de Mauritanie, cette vie « où je ne me sens ni homme ni femme, mais un être humain qui se tient debout sur ses jambes, »

Quels liens unissent ces trois pionnières du xx' siècle à toutes les défricheuses de voies nouvelles ? La curiosité, sans aucun doute. Le sentiment de ne pas appartenir à la société qui les entoure ? Certainement ! Une soif de vérité inextinguible. Et la peur - Oui, l'immense crainte de ne jamais pouvoir se réaliser. Elles partagent le même besoin de se distinguer, le même orgueil incommensurable, la même solitude...

Mais quels rapports entre Karen Blixen, l'auteure de La Ferme africaine, et Catalina de Erauso, la nonne soldat guerroyant en Espagne au temps du Siècle d'or ? Entre Alexine Tinne, la flamboyante aristocrate hollandaise, campant parmi ses serviteurs et ses chameaux dans les déserts d'Egypte, et Margaret Fountaine, la vieille demoiselle chassant le papillon en Amazonie ? À travers l'espace et le temps, qu'ont-elles de commun, toutes ces femmes aux personnalités si différentes ? Sinon ce talent-là : savoir reconnaître ce qui les appelle et soutenir leur passion. Ne laisser personne - aucun être, aucune idée, aucune peur - les détourner de l'essentiel et conduire leur âme à la famine. Oser.

Karen Blixen, Freya Stark, Alexine Tinne, Margaret Fountaine, et toutes celles que vous allez découvrir dans cet ouvrage ont voulu vivre debout. Telles furent leur force et leur particularité.

Mais pour conquérir cette liberté de cœur et d'esprit qui va les mener au bout du monde, pour construire leur invraisemblable autonomie, toutes - même les plus conventionnelles, même les plus sages et les plus dévotes -, toutes ont d'abord dû dire NON.

Alexandra Lapierre

                                     

lundi 21 novembre 2011

Les Grandes Voyageuses - 4 - La Force de la passion



Maria Sibylla Merian (1647-1717) était une naturaliste et une artiste-peintre. Elle mit son talent de dessinatrice, acquis au sein d’une famille d’éditeurs et d’illustrateurs célèbres, au service des observations naturalistes très détaillées qu’elle conduisit notamment sur la métamorphose des papillons.


Elle vécut entre l’Allemagne et les Pays-Bas et fit un grand voyage exploratoire au Surinam qui lui procura la matière de son ouvrage le plus important et le plus célèbre sur les métamorphoses des insectes.


Longtemps méconnue, elle est aujourd’hui considérée, en raison de la qualité de son œuvre artistique et scientifique, comme une importante figure de l’histoire naturelle de son époque.


En 1665, âgée de 18 ans, Anna Maria épouse le peintre spécialisé en architecture Johann Andreas Graff. Elle commence alors à étudier plus systématiquement les papillons et notamment leur cycle de vie, elle s'attache à décrire les chenilles comme les chrysalides et les adultes.


En 1685, Anna Maria se sépare de son mari, part avec ses deux filles chez son beau-frère dans le château de Waltha. En 1690, elle demande son divorce auprès des autorités de Francfort. Elle gagne sa vie en réalisant des illustrations.


C'est durant son séjour au château Waltha et grâce aux collections de ses amis que Merian découvre les papillons du Surinam. En juillet 1699, à 52 ans, elle décide de partir avec sa plus jeune fille, dans ce pays pour y étudier la faune et la flore tropicale sud-américaine. L'une des raisons de son départ est son besoin d'observer les papillons vivants car, bien sûr, les animaux qu'elles observent dans les collections sont naturalisés.


Pour son voyage, elle reçoit une bourse d'étude de la ville d'Amsterdam. Elle vend aussi ses collections d'insectes et ses peintures, elle lance aussi une souscription pour l'ouvrage qu'elle souhaite réaliser à l'issue de son voyage.. Anna Maria décrit tout ce qu'elle découvre sur la métamorphose des insectes tropicaux et réalise un grand nombre de dessins et d'aquarelles. Ayant contracté le paludisme – « J'ai presque payé [ces insectes] de ma vie »Anna Maria est contrainte d'interrompre son voyage et de rentrer aux Pays-Bas en 1701.


À une époque où les femmes étaient exclues des sciences comme des voyages scientifiques, Anna Maria Sibylla Merian est un cas unique d'une femme naturaliste, il faudra attendre la fin du XIX siècle pour que son exemple ne reste plus isolé.
Source : Wikipédia



Lady Mary Wortley Montagu (1689 - 1762), est une écrivaine britannique.
Grande voyageuse, elle fut sans doute l’une des plus grandes épistolières du XVIIIe siècle. Sa correspondance, admirablement traduite en français, restitue la femme de cœur, d’esprit, observatrice passionnée de son temps.


Mary Pierrepont était la fille aînée du Duc de Kingston. Enfant précoce, elle apprit seule le latin et le grec ancien.


Fortune, noblesse, beauté, intelligence : tout cela Lady Mary Wortley Montagu le reçut à la naissance. Elle avait tout pour jouer le rôle décoratif dans lequel les mœurs de l’Angleterre du XVIIIe siècle confinaient une femme de son rang. Très tôt elle en décide autrement. Elle est une révoltée, mais d’une révolte toute intérieure. Une éducation, une culture exceptionnelles, (...) lui ont fait maîtriser d’innombrables connaissances, linguistiques, scientifique, littéraire, politiques. Mais elle porte sur cette maîtrise un regard froid. [Elle donne d’ailleurs] pour l’éducation de sa petite fille ce conseil qui pourrait être toute la maxime de sa vie : “Cacher le savoir qu’elle aura acquis avec autant de soin qu’elle en mettrait à camoufler une difformité ou une boiterie”, car “Les hommes s’imaginent que cultiver notre esprit ne nous servirait qu’à trouver de nouveaux moyens de les tromper.”


En 1712, elle épouse Edward Wortley Montagu, comte of Sandwich. Il fut nommé ambassadeur à Constantinople en 1716. Elle décida de l'accompagner. Cette décision surprit son entourage : à cette époque, aucune épouse n’accompagnait son époux lors d'une mission diplomatique. Ils passèrent par Rotterdam, l'Allemagne, Vienne puis Andrinople pour enfin atteindre Istanbul, un an après être partis de Londres. Ils séjournèrent à Péra pendant 18 mois.


Elle finira par être connue comme une des plus grandes épistolières de son temps (supérieure à Madame de Sévigné, dira Voltaire).


Par ailleurs, Lady Wortley Montagu découvrit lors de ce séjour la technique ottomane de l'inoculation contre la variole, l'ancêtre de la vaccination mise au point soixante ans plus tard par Edward Jenner. Elle accepta de faire inoculer son fils puis, de retour à Londres, elle demanda l'inoculation de sa fille. Elle joua ainsi un rôle important dans la lutte contre la variole et le développement de la vaccine.


Source : Wikipédia et le Monde



Ida Laura Pfeiffer (1797-1858) est une voyageuse et exploratrice autrichienne, commençant à voyager à 45 ans, elle va, en 16 ans, accomplir cinq voyages, dont deux tours du monde. Les récits de ses voyages ont été publiés, depuis le premier jour de son départ pour la Terre sainte en 1842, jusqu'au dernier jour de son aventure malgache en 1858. Voyageant seule et sans moyens financiers, elle a rapporté de ses périples des spécimens de plantes, d'insectes et de papillons qui ont trouvé place dans les collections des musées de Vienne. Reconnue par la communauté scientifique, elle était membre des Sociétés de géographie de Berlin et de Paris.


En 1820, elle épouse le docteur Pfeiffer, un juriste de Lemberg (Lviv). Son mari est de vingt-quatre ans son aîné. La situation matérielle du couple devient très difficile quand l'avocat Anton Pfeiffer perd sa clientèle, Mme Pfeiffer fait face à ces difficultés et assume l'éducation de ses deux fils. En 1833, laissant Anton Pfeiffer à Lviv, elle revient à Vienne avec ses fils.


A 45 ans, Ida Pfeiffer se lance en 1842 dans son premier voyage en Terre sainte.


Elle va faire son premier tour du monde en 1846. Elle part au Brésil avec l'intention cachée de faire le tour du monde par le cap Horn. De septembre à décembre 1846, elle est à Rio de Janeiro avec le comte Berchtold. Elle rencontre à Nova Friburgo le naturaliste Carl Heinrich Beske et visite des Amérindiens Puris. Passant le cap Horn le 7 février 1847, elle prend, après un court séjour au Chili, à Valparaíso, un bateau pour la Chine. Elle fait escale à Tahiti, elle débarque en Chine, à Macao, puis Hong Kong et Canton où elle séjourne du 12 juillet au 20 août 1847. On la trouve à Singapour puis à Madras en septembre et octobre 1847. Partie de Calcutta en décembre 1847, elle entreprend un vaste périple dans le nord de l'Inde. Elle retrouve Istambul le 7 octobre 1848.elle choisit d'écourter son séjour en Grèce pour rentrer à Vienne.


En 1851, elle entreprend un second tour du monde par le cap de Bonne-Espérance. Partie de Grande-Bretagne elle séjourne du 11 août au 25 septembre 1851, en Afrique du Sud, au Cap, mais renonce, pour des raisons financières, à explorer l’intérieur du continent. Après un séjour à Singapour, elle se rend dans l’archipel malais et passe huit mois dans les îles de la Sonde et des Moluques. Partie de Koching, alors dans le Sarawak, territoire du Rajah blanc, James Brooke, au nord-ouest de Bornéo, en décembre 1851, elle traverse seule avec une petite escorte, le pays des Dayaks. Elle effectue ce périple en bateau et à pied et visite des villages dayaks insoumis. Elle rejoint la côte ouest à Pontianak au mois de février 1852. Elle est de retour en Autriche en juillet 1855.
Son ultime voyage en 1856 a pour but Madagascar. Elle revient à Vienne le 15 septembre, pour y mourir le 27 octobre 1858.


Source : Wikipédia

mardi 15 novembre 2011

Les Grandes Voyageuses - 3- Isabelle Eberhardt- En quete de l’Islam


samedi 5 novembre 2011

Les Grandes Voyageuses - 2 – Ella Maillart- En quete de la sagesse hindoue


Ella Maillart (1903-1997)  est une voyageuse, écrivaine et photographe suisse.


Fille d'un commerçant genevois libéral et d'une mère danoise sportive, Ella Maillart passe sa jeunesse au bord du lac Léman. Attirée dès son jeune âge par le sport et le dépassement de soi-même, elle fonde à 16 ans le premier club féminin de hockey sur terre en Suisse romande. Elle barre un monotype national pour la Suisse aux régates olympiques de 1924, seule femme et la plus jeune de la compétition. Membre de l'équipe suisse de ski, elle défend, de 1931 à 1934, les couleurs de la Suisse aux quatre premiers championnats du monde de ski alpin mais, attirée par le cinéma russe, elle part à Moscou pour faire un reportage dont elle tirera son premier livre : Parmi la jeunesse russe.

Après un premier séjour à Moscou et la traversée du Caucase en 1930, elle parcourt l'Asie centrale russe en 1932. En 1934, le Petit Parisien l'envoie au Mandchoukuo. Elle y rencontre Peter Fleming, et se lance avec lui, en février 1935, dans un périple de six mille kilomètres, de Pékin jusqu'à Srinagar, qui va durer sept mois. En 1937 elle traverse l'Inde, l'Afghanistan, l'Iran et la Turquie pour faire des reportages, puis en 1939, elle part dans une Ford, de Genève à Kaboul. Elle passera cinq ans dans le sud de l'Inde (1940 à 1945) auprès de maîtres de sagesse.

Contemporaine d'Alexandra David-Neel, Ella Maillart avait de nombreux points communs avec elle. Habitée elle aussi par une quête intérieure, ce n'est pas le bouddhisme qui l'appellera, mais le cheminement direct - au delà de toute tradition et de toute lignée - qui caractérisait le grand sage indien Ramana Maharshi.

Pendant un demi-siècle, la navigatrice olympique, la championne des neiges, l'aventurière du Sinkiang fut en butte à un malentendu. Depuis son retour en Suisse, cette femme était à l'affût d'une sagesse. « Le passé est mort, disait-elle, seul l'instant présent est réel ! ». Mais on lui demandait de raconter ses exploits lointains, la jeunesse russe de 1930, le désert de Tsaïdam. Il est vrai que ces récits-là, ses livres réédités en Suisse dès 1982, puis à Paris quand les Français s'entichèrent de littérature nomade, restèrent les instruments de sa réputation et sa source de revenus. Elle vieillissait pauvrement, Ella. Riche, disait-elle, « de tout ce dont j'ai appris à me passer ».

Il rayonnait de sa personne une confiance métaphysique. Lorsque appuyée sur ses deux cannes, elle perçut qu'elle ne pourrait plus vivre seule, une volonté où se mêlait son propre être et une force d'ailleurs plaça sur son chemin une femme écrivain, dès lors cuisinière, jardinière, infirmière, confidente : Anne Deriaz, témoin. «Ma troisième canne », riait Ella.
Source : Bouddhisme au Feminin

samedi 29 octobre 2011

Les Grandes Voyageuses - 1 - En quête du Bouddhisme

Alexandra David-Neel a fasciné et continue de fasciner des générations. La dimension de l'exploratrice intrépide fait malheureusement passer au second plan l'exploratrice intérieure.

Née le 24 Octobre 1868  à Saint-Mandé (Val de Marne), elle est morte en 1969 à Digne (Alpes de Haut Provence). Orientaliste, tibétologue, journaliste, écrivaine et exploratrice, son trait de gloire le plus marquant reste d'avoir été, en 1924, la première femme d'origine européenne à séjourner à Lhassa au Tibet. 

Ses parents, relativement âgés, étaient d'un milieu bourgeois. Ils ne s'entendaient pas et l'atmosphère devait être assez irrespirable. De plus, à sa naissance sa mère était déçue car elle voulait un garçon et non une fille, un garçon qui est arrivé quelques années plus tard et qui est mort au berceau. Les conditions étaient réunies pour qu'Alexandra porte très tôt sur la vie un regard lucide.
Elle montrera dès l'enfance une autonomie et une capacité hors de l'ordinaire à ne pas rentrer dans le moule commun.

Ce sont les choses de l'esprit, concernant plus particulièrement la religion et la spiritualité qu'elle regardera toujours comme seules valables. Etant en contact avec des anarchistes libertaires, elle sera très consciente de l'oppression de l'individu dans la société et écrira, jeune fille, un pamphlet libertaire Pour la vie dans lequel elle s'affirmera ardente féministe et revendiquera le droit de l'individu à refuser les contraintes sociales et à suivre sa voix intérieure. C'est un credo qui guidera la conduite de toute sa vie.


Elle se mariera à Tunis avec Philippe Neel, un homme qui ne la comprenait pas et ne partageait pas ses aspirations spirituelles. Elle regrettera immédiatement ce mariage et tombera dans l'une des crises de neurasthénie qui l'affecteront à plusieurs reprises au cours de sa vie. Elle n'en sortira que quand il lui proposera de faire un grand voyage, seule, en Asie. C'est ce voyage — qui durera quatorze ans — qui révélera tout ce qu'elle portait en elle de force et de richesse spirituelle.
Quand ils seront séparés par des milliers de kilomêtres pendant toutes ces années, son mari deviendra un confident et un ami cher à qui elle écrira des lettres superbes, regroupées dans le journal de voyage que nous vous conseillons de découvrir. S'il avait été un ardent pratiquant bouddhiste (chose des plus rares à cette époque !), il serait venu avec elle et nous n'aurions jamais eu ses lettres. S'il avait été totalement fermé, elle ne lui aurait rien écrit et nous n'aurions pas eu ces lettres non plus !!


Sa devise était :
Marche comme ton coeur te mène et selon le regard de tes yeux."

dimanche 11 septembre 2011

Biographie de la Venerable Khandro Rinpoche

La Vénérable Khandro Rinpoché est la fille de Sa Sainteté Mindrolling Trichen, chef de l'école Nyingma du Bouddhisme tibétain, et l'un des lamas tibétains les plus renommés parmi ceux enseignant actuellement en Occident.

Elle est une exception, à savoir, un enseignant éminent du bouddhisme tibétain en étant une femme.

Née en 1967 dans la famille du prestigieux Mindröling Trichen, un chef religieux de haut rang dirigeant la plus ancienne lignée bouddhiste du Tibet, la lignée Nyingmapa, Khandro Tséring Paldrön a a été reconnue à l'âge de deux ans par Sa Sainteté le 16e Karmapa comme la réincarnation de la Grande Dakini de Tsurphu, une autre Tibétaine d'exception, Urgyen Tsomo. Cette dernière fut l'une des compagnes mystiques du 15e karmapa (1871-1922), dirigeant d'une prestigieuse lignée spirituelle du haut plateau, celle des Karma-Kagyüpas. Et Urgyen Tsomo était elle aussi perçue comme la manifestation de l'une des plus importantes figures féminines du Tibet, Yéshé Tsogyal, qui, au VIIIe siècle, avait été la compagne de Padmasambhava, l'un des principaux artisans de l'introduction de la religion indienne par-delà l'Himalaya.


La famille de Khandro Rinpoché est réputée non seulement pour ses maîtres spirituels masculins, mais aussi pour avoir donné régulièrement naissance à des maîtres féminins. Le monastère d'hommes de Mindröling, siège spirituel de la lignée à laquelle son père appartient, est ainsi au fil du temps devenu indissociable de la nonnerie de Samten Tsé, bâtie non loin de là par la première des grandes figures féminines du lieu, Jétsun Mingyur Paldrön (1699-1774).


Rares sont les réincarnations féminines dans l'univers tibétain, mais rares aussi sont les femmes reconnues comme des maîtres spirituels. Quelques-unes étaient célèbres mais la plupart vivaient dans l'ombre d'un maître. Ces femmes ne pouvaient être que compétentes, au contraire des hommes auxquels on reconnaissait tacitement le droit d'avoir des faiblesses, sexisme ambiant oblige. Khandro Rinpoché est donc un personnage hors du commun à double titre.

La présente Khandro Rinpoché en est venue à détenir les lignées des écoles Nyingma et Kagyu.

Elle est reconnue comme une des manifestations humaines d'une « dakini », khandro en tibétain. Elle est celle qui « vogue dans l'espace » et si la tradition a parfois pris l'expression au pied de la lettre, elle renvoie en fait à une des dispositions naturelles de l'esprit, celle de l'espace intérieur, radieux, vaste et sans limites.

Elle pourrait presque être tenue pour militante de la cause féministe. Elle connaît bien la discrimination socioculturelle que l'on retrouve dans le bouddhisme. Son rang et sa famille pourraient laisser penser qu'elle a bénéficié de privilèges. En réalité, il lui a parfois fallu insister pour obtenir les enseignements qu'elle souhaitait recevoir.

Khandro Rinpoché a reçu des enseignements et des transmissions de certains des maitres les plus accomplis du XXe siècle, y compris S.S. le Dalaï-Lama, S.S. Mindrolling Trichen, S.S. Dilgo Khyentse Rinpoché, S.E. Trulzhig Rinpoché, S.E. Tenga Rinpoché, S.E. Tsetrul Rinpoché et S.E. Tulku Ugyen Rinpoché.

Rinpoché enseigne dans le monde entier depuis douze ans. Elle enseigne de manière extensive en Europe et en Amérique du Nord, délivrant des enseignements des écoles Kagyu et Nyingma. C'est également elle qui a établi et dirige le Centre de Retraite Samten Tse à Mussoori, en Inde, qui offre un lieu d'études et de retraite pour pratiquants occidentaux, qu'ils soient monastiques ou laïques - là, étudiants d'Orient et d'Occident vivent ensemble dans une communauté spirituelle. 45 nonnes et 25 étudiants occidentaux sont actuellement résidents à Samten Tse.

Rinpoché dirige également divers projets caritatifs ainsi que des projets d'éducation et de bourses bouddhistes, offrant aux pratiquants occidentaux - monastiques et laïques - la chance de travailler côte à côté dans une multitude de situations stimulantes. Il s'agit par exemple de projets pour les soins et l'éducation à la santé dans des régions reculées, tel que le projet de léproserie, et le Dharmashri Journal, un journal regroupant des écrits de maitres tibétains. Rinpoché est également impliquée de façon active dans le monastère Mindrolling en Inde.

En 2003, le premier livre de Khandro Rinpoché, intitulé This Precious Life: Tibetan Buddhist Teachings on the Path to Enlightenment ("Cette précieuse vie : Enseignements du Bouddhisme Tibétain sur le Chemin vers l'Eveil"), a été publié par Shambhala Publications (en anglais).

Le fait que Khandro Rimpoche soit l'héritière de deux lignées est déjà extraordinaire en soi. Que le maitre dont elle est le tulku reconnu ait été une femme démontre qu'il y a des femmes réalisées dans le bouddhisme tibétain, ce dont on pourrait douter vu l'absence de références les concernant.

Que son père l'ait jugée digne de transmettre son enseignement est d'autant plus intéressant dans le contexte culturel tibétain où, comme en Chine et en Inde, les femmes se voient répéter que la meilleure chose qui puisse leur arriver est de renaitre en homme pour qu'enfin elles puissent "vraiment" pratiquer sérieusement...


L'existence même de Khandro Rimpoche dément ce genre de préjugés qui, nous ne le répéterons jamais assez, se révèle être un obstacle de taille pour les pratiquantes qui ne peuvent, dans ces conditions, que douter d'elles-mêmes.

vendredi 9 septembre 2011

Jetsun Khandro Rinpoche : La responsabilite de l'individu face au monde

Maître spirituel d'exception, très tôt reconnue comme la réincarnation d'une autre Tibétaine d'exception, elle enseigne un bouddhisme qui est le contraire de tout verbiage.

«Bonjour ! On m'a demandé de parler des fondements du bouddhisme... Je ne sais pas trop ce que cela signifie ! » Petite, la voix claire, le ton assuré, le regard vif, Khandro Rinpoché éclate de rire. Elle n'est assurément pas une Tibétaine ordinaire. Considérée comme un tulkou, un maître spirituel réincarné, elle est aussi un des très rares maîtres féminins du bouddhisme de rite tibétain, et même du bouddhisme dans son ensemble.

Si, d'un point de vue bouddhiste, il n'existe pas de formation particulière pour que l'on reconnaisse une quelconque maîtrise spirituelle à quelqu'un, il n'en est pas ainsi des tulkous. Supposés avoir déjà, lors de leurs vies passées, pratiqué suffisamment de techniques intérieures (méditations et yoga) et réalisé fondamentalement, au moins, ce qu'est la nature ultime de l'esprit, ceux-ci naissent porteurs d'un bagage spirituel plus ou moins important, selon le degré de pureté qui leur est reconnu. Les plus élevés spirituellement manifestent généralement les qualités propres à l'esprit dit « éveillé », c'est-à-dire libre de toute forme de concepts liés au « soi » : compassion sans discrimination, connaissance ultime, énergie... Leur vie est entièrement dédiée au bien de tous. Particularité du monde bouddhiste de rite tibétain, ces maîtres spirituels sont devenus des institutions en formant des lignées d'incarnations avec leurs monastères et leurs réseaux de bienfaiteurs.

Sourires et rires émaillent les sessions d'enseignement que Khandro Rinpoché dirige mais les sourires peuvent parfois être grimaçants. « À partir du moment où l'on se lève le matin, dit-elle, jusqu'au moment où l'on se couche le soir, on fait quantité d'actions : on bouge, on pense, on parle. Mais le soir venu, si l'on regarde dans la paume de sa main, qu'a-t-on récolté ? Quel est le bien que nous avons fait ? Voilà la question qu'il faut se poser ! » Dans sa bouche, le bouddhisme n'apparaît donc pas comme un discours mais, au contraire de tout verbiage, comme une action permanente tournée à la fois vers soi-même (que suis-je ?) et vers autrui (que puis-je apporter ?).

Systématiquement, Khandro Rinpoché renvoie à cette responsabilité de l'individu face au monde : « Vous êtes bouddhistes ? Alors qu'avez-vous fait aujourd'hui pour les autres ? », peut-on l'entendre dire. Femme, elle s'adresse à ses semblables partout où elle enseigne. Religieuse, elle porte une attention particulière aux nonnes occidentales ou tibétaines qui sont ses disciples, quitte, parfois, à leur réserver un temps d'entretien. Sexisme ? Non, simplement le rappel d'une évidence qu'elle martèle dès qu'on lui en donne l'occasion : « Quand les femmes entrent dans la communauté monastique bouddhiste, quelque part au fond d'elles, elles se disent : "Peut-être que je ne serai pas traitée avec égalité parce que je suis une femme." À cause de cette attitude, on fait une chose toute simple : quand on entre dans un temple, on se demande si l'on s'assied au premier ou au dernier rang. Celles qui ont de la fierté se disent : "Je suis une femme !" et se ruent au premier rang ; celles qui ont moins confiance en elles se dirigent immédiatement vers le dernier rang... Nous devons réfléchir à cela, examiner cette manière de penser et de se comporter. Les fondements et l'essence du bouddhisme sont au-delà de cette discrimination. » En bref, même si le contexte réserve la meilleure place aux hommes, c'est aux femmes elles-mêmes de ne pas entretenir la discrimination et de rappeler qu'elles sont avant tout des êtres humains et que le potentiel spirituel est le même pour tous.

Un ermitage au cœur de l'Himalaya

Un des problèmes que Khandro Rinpoché connaît bien est celui des limites imposées à la pratique spirituelle des femmes. En 1993, elle remet en place, en Inde, le monastère de Samten Tsé, non loin du nouveau monastère de son père, Mindröling, reconstruit à côté de Mussoorie (Uttarakhand), dans les contreforts de l'Himalaya. Le fait qu'elle dirige ce monastère ne se limite pas au symbole. Parce qu'elle le veut ainsi, Samten Tsé est d'abord un ermitage ouvert à toutes les pratiquantes bouddhistes désireuses d'y faire des retraites spirituelles de manière, à terme, à créer une communauté de religieuses et de laïques, asiatiques et occidentales. Sous son impulsion, Samten Tsé est un lieu où les femmes peuvent accéder aux mêmes enseignements que les hommes, et comme eux, les mettre en pratique dans des conditions optimales.

Si le discours de Khandro Rinpoché s'inscrit dans la tradition des maîtres féminins du bouddhisme tibétain, il n'est plus confiné à leur entourage ou aux quelques vallées qui bordent leurs monastères ou leurs ermitages. Le modernisme et les moyens de communication permettent aujourd'hui à ce maître spirituel de porter haut et clair à travers le monde les principes d'égalité du bouddhisme.

Source : Le Monde des Regligions  No 27 :
              Article par Deshayes Laurent

mercredi 7 septembre 2011

Khandro Rinpotche : La revolution tranquille des moniales a commence

Khandro Rinpotché est une des rares femmes tibétaines à être considérée comme maître spirituel. Appréciée en Occident pour sa chaleur et son style d’enseignement direct et pénétrant, elle a expliqué à Pierre-Yves Ginet que la situation des nonnes était en train de changer.
La place des femmes paraît actuellement assez limitée dans la communauté bouddhiste tibétaine. Vous êtes probablement le maître féminin le plus éminent de notre temps. Quelles sont vos remarques sur ce sujet.

Si on se réfère à l’histoire, c’est vrai, il n’y a eu que peu de maîtres importants qui étaient des femmes. Mais si l’on considère la contribution des femmes au bouddhisme tibétain, alors il me semble que leur place est beaucoup plus importante qu’il n’y paraît. Dès l’origine du bouddhisme au Tibet d’ailleurs, puisque Yeshé Tsoguial était la principale disciple de Padmashambava : nos enseignements ne seraient pas ce qu’ils sont sans son rapport. S’il y a eu moins de grands Tulkous femmes, je crois que c’est surtout dû au fait que la société tibétaine, comme toutes les sociétés orientales, a toujours été dominanée par les hommes : dans un monde patriarcal, les femmes doivent se battre davantage pour atteindre le même résultat que les hommes.

Je suis un tulkou, issue d’une famille très respectée, mais même pour moi, parfois, en tant que femme, je me heurte à certaines réticences. Alors j’imagine ce que cela peut être pour des femmes qui n’ont pas ma situation et mon histoire. Je pense que la mentalité tibétaine, globalement, accepte désormais l’idée que les femmes peuvent être de très bonnes pratiquantes, mais il y a toujours une certaine retenue face à des tulkous femmes : les Tibétains doutent encore que des femmes puissent être de très grands maîtres. Certains refusent aussi, pour de multiples raisons plus ou moins cachées, l’idée qu’une femme puisse atteindre l’Eveil dans un corps de femme, au cours de son existence.

Ceci dit, en reprenant l’histoire, on note tout de même qu’il y a eu un certain nombre de Tulkous femmes, surtout dans la tradition Kagyu, même si les écoles Sakya et Nyingma ont également fourni des maîtres féminins d’importance. Hormis ces Tulkous, il faut également souligner que nombre de grands maîtres, et en particulier dans la lignée de mon père, Mindruling Rinpotché, ont eu des filles très actives, parfois exceptionnelles, qui ont joué un rôle considèrable pour faire perdurer la doctrine et les enseignements.

Chaque génération, à chaque époque, a en fait connu des femmes qui ont joué un rôle primordial pour la propagation de la tradition. Avant 1949, il y avait un nombre considérable de moniales et de couvents, même si ce fait est peu connu. Ces centres d’études étaient de grande qualité, probablement plus qu’ils ne l’avaient jamais été. Avec l’invasion chinoise, beaucoup de nonnes ont du quitter ces enceintes. Beaucoup ont choisi l’exil. A la fin des années cinquante et au début des années soixante, la situation des réfugiés tibétains était extrêmement difficile et, pour survivre, certaines nonnes sont revenues à la vie laïque, ont fondé une famille.

A la fin des années soixante-dix, la vie devenant moins délicate en exil, certains grands maîtres, dont le XVIème Karmapa et Dilgo Khyentse Rinpotché, ont encouragé de façon très vive la "renaissance" des nonnes. J’étais encore très jeune mais je me rappelle très bien les propos du Karmapa, chaque fois que nous le rencontrions : il disait toujours que l’avenir des nonnes était essentiel pour notre société.

Les années quatre-vingt furent marquées par un grand renouveau des moniales, en exil comme au Tibet. Cela perdure encore aujourd’hui. Les nonnes sont de plus en plus nombreuses et les enseignements qu’elles reçoivent sont de bien meilleure qualité. Cela reste bien sûr difficile, dans une société toujours dominée par les hommes, mais je crois que globalement, la communauté tibétaine, laïque et religieuse, soutient cet essor des moniales.

La plupart des maîtres, hommes ou femmes, gardent les moines et les nonnes auprès d’eux pour la vie. Je crois que cela devrait changer. Après une quinzaine d’années d’enseignement auprès d’un maître, une nonne devrait le quitter pour partir vers un autre couvent, propager ce qui doit l’être, et devenir cet exemple vivant qui serait beaucoup plus efficace que de grands discours pour la communauté qui l’accueillera. Mais ce mouvement ne doit pas seulement être de la responsabilité des maîtres. Il doit aussi être impulsé par les moniales. C’est mutations prendront sans doute encore du temps, même si le mouvement s’accélère depuis quelques années, mais encore une fois, je suis très optimiste sur ce qui va se passer à ce sujet dans les années à venir.

Oui, mais aujourd’hui dans les couvents la plupart des maîtres ou des oumzés sont des hommes.

C’est exact. Si vous placez un homme à ces responsabilités dans un couvent pour une période restreinte, cela peut être bénéfique. Mais si c’est façon permanente, je ne crois pas que cela soit souhaitable. Là, c’est évidemment du ressort des maîtres.

En tant que Rinpotché, quelles relations avez-vous avec les Tulkous hommes ? Font-ils une différence du fait que vous soyez une femme ?

Maintenant ils sont probablement habitués. Je ne vous cacherais pas que parfois, avec quelques rares personnes, je vis encore des situations assez amusantes. Mais c’est très rare. Aujourd’hui, j’ai vraiment l’impression qu’il y a beaucoup de sympathie à mon égard. Au début, je pense qu’ils étaient surtout gênés, car c’était la première fois qu’ils étaient confrontés à cette situation et ils ne savaient pas comment se comporter. Mais j’insiste, cela ne génère jamais quelque chose de très important, juste des petits quiproquos sans importance.

Propos recueillis par Pierre-Yves Ginet
Source : Bouddhisme Actualités