vendredi 22 janvier 2016

5 - Les femmes luttent pour la planete : Wangari Maathai


Wangari Muta Maathai née le 1er avril 1940 à Nyeri, au Kenya et disparue le 25 septembre 2011 à Nairobi est aussi une femme extraordinaire, d'un courage indomptable. Militante écologiste et politique, elle devient en 2004 la première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la paix pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix».





Née dans une zone rurale du Kenya, Wangari Maathai a étudié dans le Kansas (Etats-Unis), en 1964 puis dans son pays, où elle a été la première femme à obtenir un doctorat. Elle est aussi devenue la première Kenyane à prendre la tête d'un département à l'université, en l'occurrence celui de l'école vétérinaire.

Comme à l'université, elle s'est imposée dans le monde de la politique et a subi la pression de ses homologues masculins.

Wangari Maathai a fondé le mouvement de la Ceinture verte (Green Belt Movement) en 1977. Elle commence par planter sept arbres le jour de la Terre, pour honorer les femmes qui dirigent l'environnementalisme kényan. Ce mouvement, soutenu par les kényanes à travers le pays, aura planté plus de trente millions d'arbres en 16 ans, pour prévenir l'érosion du sol. Maathai est parfois affectueusement surnommée « la femme des arbres » (tree woman). Entre-temps, elle est active aussi bien dans le domaine de l'environnement que dans celui des droits de la femme.

Elle est également dirigeante du « Maendeleo ya wanawake » (Conseil national des femmes du Kénya). Elle aura eu trois enfants avant de divorcer en 1979. Son mari affirme alors au juge qu'elle avait un trop fort caractère pour une femme et qu'il était incapable de la maîtriser, le juge lui a donné raison. Pour avoir déclaré dans la presse que ce juge ne pouvait qu'être incompétent ou corrompu, elle est emprisonnée, pour la première fois, durant quelques jours.

En 1997, sa candidature à l'élection présidentielle kenyane a été retirée par son propre parti, quelques jours avant le scrutin et sans qu'elle en soit informée. Cela n'a pas découragé Wangari Maathai, qui a été finalement élue au Parlement kenyan en décembre 2002.

Elle continue à défendre les forêts kényanes et la démocratie au péril de sa vie ou de sa liberté. Elle prône l'utilisation constante de la non-violence et des manifestations populaires avec l'aide des organisations internationales. Elle participe à des groupes onusiens et connaît personnellement Kofi Annan, ancien secrétaire des Nations-Unies.
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Militante écologiste, elle fonde le Parti vert Mazingira (en) en 2003. Ce parti est affilié à la fédération des Partis verts d'Afrique et aux Verts Mondiaux. Elle est élue au parlement kényan en décembre 2002, où elle remporte son siège face à son rival par cinquante voix contre une. C'est à peu près en même temps que Mwai Kibaki bat Arap lors de l’élection présidentielle au Kénya. Ce nouveau président la nomme, en janvier 2003, ministre-adjoint à l'Environnement, aux Ressources naturelles et à la faune sauvage.


Femme de coeur et d'action, elle reçoit le prix Nobel de la paix en 2004 pour ses engagements et participe par la suite à la création d'une 'Arche de Noé verte' dans l'Arctique, pour préserver les espèces végétales.

Elle meurt le 25 septembre 2011 à l'hôpital de Nairobi, des suites d'un cancer. Sa dépouille fut mise dans un cercueil confectionné en bambou et en fibres de jacinthe, pour respecter la demande qu'elle avait faite à sa famille de ne pas couper un arbre pour fabriquer son cercueil. Le jour de la cérémonie, un arbre fut planté par ses enfants et petits enfants en présence de centaines de personnes, au Uhuru Park (Parc de la Liberté en Swahili) à Nairobi, que Wangari Maathai avait sauvé de la destruction en mettant en échec un projet de gratte-ciel que le régime autoritaire de l'ancien président Daniel Arap Moi voulait construire à cet endroit.

Source : Bouddhisme au Féminin

lundi 11 janvier 2016

4 – Les femmes luttent pour la planete : Joana Macy


Joanna Macy, une enseignante renommée du bouddhisme, de l'éco-philosophie et érudite, est une activiste de longue date pour la paix, la justice, et les mouvements de l'écologie. Son vaste travail couvre la pensée orientale et occidentale et cherche à amener à la conscience humaine le point de vue des autres formes de vie, ainsi que celui des générations passées et futures.





A seize ans, Joanna Macy a vécu une très forte expérience de conversion au christianisme — son grand-père était ministre du culte congrégationaliste. Elle eut le sentiment qu’elle pouvait sonder les profondeurs de la Crucifixion en rapport avec le pardon qui annonçait lui-même la nature de la réalité. Plus tard elle s’engagea dans la pratique du bouddhisme tibétain. Eco-philosophe, sensible à la justice sociale et au mouvement pour la paix, passionnée par la Théorie Générale des Systèmes et la Deep Ecology, elle applique la compréhension bouddhique à notre propre civilisation occidentale déchirée et souffrante.

Quand pour la première fois j’ai réellement rencontré le Bouddha Dharma, ce fut une expérience si particulière et si forte que je n’ai jamais eu aucun doute à son sujet. En fait l’expérience se situait, par son intensité, au même niveau que l’expérience du pardon dans la chrétienté. Elle revenait à voir mon non-moi. Je voyageais en train quand c’est arrivé, traversant le Pendjab pour aller à Pathankot, lisant un livre sur le bouddhisme. Et assise là dans ce train bondé, avec la chaleur et les odeurs, il fut soudain absolument clair comme le jour que je n’existais pas de la manière dont je pensais exister. Cette prise de conscience s’accompagna d’une expérience que je ne peux comparer qu’à l’éclatement d’un grain de pop-corn. C’était comme si l’intérieur se répandait sur l’extérieur, et je regardais avec une joie émerveillée. J’eus alors une sensation de soulagement inexprimable : « Je n’ai besoin de rien faire avec le moi, je n’ai pas besoin de l’améliorer ou de le rendre bon, de le sacrifier ou de le crucifier. Je n’ai besoin de rien faire, car il n’existe même pas. Tout ce que je dois faire, c’est reconnaître qu’il s’agit d’une convention, d’une fiction. »


J’éprouvais un immense sentiment de délivrance, et avec lui vint soudain, immédiatement, le sentiment que c’était une délivrance qui permettait d’agir. Immédiatement surgit cette pensée : « Désormais, cela me permettra de risquer et d’agir au nom de tous les êtres. » Cela semblait en parfait accord avec l’immense besoin de justice sociale si nécessaire à notre époque.

Joanna Macy, entretien avec Anne Bancroft, Femme en quête d’absolu, Albin Michel