Anne Michel nous a envoyé ce beau texte (et cette belle photo) sur la relation entre la compassion et les quatre nobles vérités :
Les deux ailes de l’oiseau qui permettent à la
méditation de nous diriger vers l’Eveil, sont la sagesse et la
compassion, nous dit le Bouddha.
En approfondissement les 4 vérités nobles, nous
comprenons que la vie n’est pas parfaite. Ce n’est pas une position
philosophique, c’est la réalité de l’expérience vécue: les choses
changent. L’expérience est parfois bonne et parfois douloureuse. La
méditation ne va rien changer à ce réel. C’est la première vérité.
La 2ème vérité est liée à ma manière de me situer
dans la vie. Puis-je recevoir et accepter avec compassion l’imperfection
du monde, en moi et hors de moi? Ou suis-je dans l’aveuglement de
croire que les choses pourraient ou devraient être ok une fois pour
toute? La réactivité est liée à la soif: notre attachement pour
l’expérience quand elle est bonne et notre aversion lorsqu’elle change
et devient douloureuse. Ce qui bloque l’énergie vitale, bienfaisante et
universelle de la compassion, c’est l’ignorance, qui s’exprime par la
peur, la colère, la frustration qui envahissent parfois l’esprit.
Lorsque ces énergies sont apprivoisées et que nous ne sommes plus sous
leur emprise, naturellement les qualités d’empathie s’affinent et la
compassion devient de plus en plus souvent disponible.
3ème vérité: la libération est possible quand le cœur
sait lâcher prise de la soif, ou du désir, sous toutes ses formes. Ce
qui reste est alors simplicité, bonté, humilité, compassion. La
méditation aide à se souvenir qu’il est possible d’être libéré, ici et
maintenant.
Très concrètement ce souvenir peut être vivifié en prononçant silencieusement des paroles de compassion:
Je suis sensible à ma (ta) peine
Je reste en silence avec elle
Mon cœur accepte mes (tes) limites ici et maintenant
Que je (tu) sois libéré de la réactivité à la souffrance.
Je reste en silence avec elle
Mon cœur accepte mes (tes) limites ici et maintenant
Que je (tu) sois libéré de la réactivité à la souffrance.
Et c’est un exercice porteur en même temps d’espace
et d’intimité avec l’expérience: il y a l’observateur bienveillant,
objectif, et le ressenti précis, sans commentaires, de l’expérience.
Les paroles sont répétitives, limitées aux mots que je choisis de dire, clairement orientées vers la libération. Je peux les dire en assise, en marchant, couché le soir avant de dormir… Je peux les dire rétrospectivement, lorsqu’une expérience douloureuse met l’esprit à l’étroit.
Les paroles sont répétitives, limitées aux mots que je choisis de dire, clairement orientées vers la libération. Je peux les dire en assise, en marchant, couché le soir avant de dormir… Je peux les dire rétrospectivement, lorsqu’une expérience douloureuse met l’esprit à l’étroit.
Compassion: entourer, accueillir la peine lorsqu’elle
émerge. En moi d’abord, pour pouvoir le faire pour l’autre. La peine,
plus particulièrement la peine interrelationnelle, est menaçante et il
peut y avoir en nous une volonté plus ou moins consciente de la rejeter
sans la laisser être, de la fuir ou de prétendre. En plus de la douleur,
je rajoute du stress et de la réactivité. La double flèche dont parle
le Bouddha. Si la première flèche, celle de la souffrance, est
inévitable, la deuxième est notre responsabilité: je peux abandonner
l’identification et la réactivité à la souffrance. Je ne suis pas “que
çà”. Je suis aussi sagesse et compassion: je peux tranquillement laisser
être et laisser passer l’expérience, sans lui donner trop de pouvoir.
C’est bon se de souvenir que notre nature fondamentale, ici et
maintenant, est l’ouverture du cœur à l’expérience. Ainsi la réalisation
que je ne suis pas l’expérience devient une aide fondamentale pour
demeurer dans la compassion lorsque les évènements de notre vie nous
mettent au défi.
Anne Michel anime en
Suisse des sessions et des retraites dans la tradition du Théravada et
pratique le dialogue conscient en région parisienne à l’invitation de Terre d’Eveil – son site : Mudita
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