jeudi 24 mai 2012

2 - Aung San Suu Kyi : Le bouddhisme dans l’engagement politique




Aung San Suu Kyi rencontre les familles de... par NTDFrancais Née le 19 juin 1945, à Rangoon, de Aung San, leader de la libération de la Birmanie et de Daw Khin Kyi, ambassadrice de la Birmanie à Dehli en Inde, Aung San Suu Kyi est une femme politique birmane. Elle est secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et fut en 1991 prix Nobel de la paix. Aung San Suu Kyi est l’épouse de Michael Aris et mère de deux enfants (Alexander et Kim) Elevée en Birmanie, en Inde, puis en Grande Bretagne par sa mère à la suite de l’assassinat de son père en 1947, Aung San Suu Kyi est diplômée en philosophie, en économie et en sciences politiques.

En 1967, elle s’installe à New York où elle s’inscrit pour effectuer un second cycle d’études supérieures. Elle devient alors secrétaire-assistante du comité des questions administratives et budgétaires des Nations-Unies.

Mais après quelques temps passé dans ce pays, Aung San Suu Kyi fut contrainte de rentrer en Birmanie dans les années 1988 afin de soigner sa mère malade.

 C’est à cette période que, suite à la démission du général Ne Win, chef de la junte militaire birmane, aux troubles nées dans le pays après cet évènement et à son influence par la philosophie non violente du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King que, Suu kyi décide de fonder avec ses amis politiques la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Elle occupe alors le poste de secrétaire générale de la ligue et ses engagements de non-violence en ce qui concerne la mise en place d’un régime démocratique furent très appréciés par la population.

 Ce succès amène la junte militaire au pouvoir à détenir Aung San Suu Kyi à son domicile en juillet 1989 afin de réduire son influence sur la population.

Malgré cette assignation, le parti de l’opposante birmane remporte les élections de 1990. Mais la junte annule les résultats de l’élection et prolonge la mise en détention de Suu Kyi. Elle n’est libérée qu’en juillet 1995 et ne peut sortir du territoire sous peine de se voir refuser le droit de revenir en Birmanie. Elle doit alors rester séparée de ses enfants et de son mari qui meurt d’un cancer de la prostate en 1999.

Après cette première détention, elle connaît une autre assignation à résidence qui durera de mai 2003 à novembre 2010, le jour de sa libération définitive. Cette libération est survenue suite à des soutiens venus de part et d’autre du monde entier. A travers sa politique de non-violence, Aung San Suu kyi a obtenu plusieurs récompenses dont le prix Rafto, le prix Sakharov, le prix Nobel de la paix et la médaille présidentielle de la liberté.

On l'appelle la Dame de Rangoon. Calme et obstinée, elle a inlassablement oeuvré toute sa vie pour la démocratie et le renouveau économique de son pays, la Bimanie. Libérée après plus de 15 ans de privation de liberté, elle est le seul espoir pour des millions de birmans.

 En 20 ans, elle est devenue une icône mondiale de la démocratie et rares sont les gouvernements ou les structures internationales qui ne lui ont pas fait part de leur soutien, à travers de solennelles déclarations publiques ou de multiples prises de position politiques ou économiques.

Entrée au Parlement Ayant été autorisée à se présenter aux élections législatives partielles de 2012, elle a enregistré sa candidature le 18 janvier 2012.

 Le 1er avril 2012, elle remporte très largement le scrutin et obtient ainsi son premier mandat officiel : celui de députée. Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), prétend avoir remporté au moins 43 sièges des 45 sièges en jeu et les résultats officiels portant sur 40 sièges indiquent que tous ceux-ci ont été remportées par la LND.

Toutefois, le parti reste très minoritaire dans la chambre basse qui compte 435 sièges, et les prochaines élections générales ne sont prévues que pour 2015. Elle siègera officiellement au parlement le 23 avril 2012.

Ce pourrait être son premier voyage depuis 24 ans, Aung San Suu Kyi a prévu de se rendre en Europe, en Grande-Bretagne et en Norvège au mois de juin 2012. Le porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères a annoncé son déplacement à Oslo en juin et un porte-parole de Aung San Suu Kyi a mentionné un voyage à Londres.

Source : Bouddhisme au feminin

mercredi 2 mai 2012

1 - Soeur Chan Khong – Le bouddhisme engagé par la force de l’amour





Il y a des vies qui sont des enseignements, et certainement celle de soeur Chan Khong en est un.

Arnaud Desjardins écrit au dos de son autobiographie "La Force de l'Amour" (voir livres) qu'elle est à la fois reportage de guerre et témoignage que seul l'amour est plus fort que la violence. Un livre qui, ajoute-t-il, nous donne une haute idée de la femme.

Thich Nhat Hanh écrit en introduction de ce même ouvrage qu'il permet de découvrir que soeur Chan Khong est un véritable bodhisattva, et il est vrai qu'on demeure émerveillé devant la somme de compassion en action que soeur Chan khong a déployée tout au long de sa vie et particulièrement dans les terribles circonstances de la guerre du Vietnam.

Quelle force intérieure et quelle humilité. Sans ce livre qui répondait à une demande d'amis, on n'aurait rien su d'elle ; en effet, elle demeure toujours en retrait, fidèle et discrète derrière Thich Nhat Hanh qu'elle a accompagné et soutenu dans tous ses combats.

Sur le site du célèbre village des Pruniers on trouve bien sûr une biographie de Thich Nhat Hanh , mais le seul endroit où nous ayions trouvé mention de soeur Chan Khong concerne l'aide qu'il est possible d'apporter au Vietnam où tant de gens sont toujours dans des situations très difficiles.

Née en 1938, Soeur Chan Khong vient d'une famille qui pratiquait la générosité et l'aide aux autres comme quelque chose d'évident et de naturel, et c'est aussi tout naturellement, alors qu'elle n'est encore qu'une adolescente, qu'elle prend l'habitude de à se rendre dans un bidonville pour aider les pauvres gens. Dès qu'elle rencontre Thich Nhat Hanh, elle le reconnait comme le maître spirituel qu'elle cherchait et s'engage très activement à ses côtés dans des actions pour un changement social, notamment en fondant l'Ecole de la jeunesse au service social (EJSS). C'est alors que le gouvernement au pouvoir, chrétien et lié aux occidentaux, se met à persécuter les bouddhistes de la façon la plus aveugle. Des moines et des nonnes s'immolent par le feu...

Soeur Chan Khong raconte son action incessante, tout au long de la guerre effroyable qui va opposer le Nord et le Sud, pour arrêter l'horreur et aussi les occasions perdues de dialogue et de paix. Quand on prend connaissance par une actrice directe des drames qui se jouent et qui résultent de l'escalade implacable de la violence et de la guerre, on mesure avec horreur le fossé qui sépare les dirigeants enfermés dans leurs schémas mentaux simplistes de la réalité de la souffrance quotidienne des gens. Et cette tragédie se répète encore et encore...


La guerre s'intensifie, soeur Chan Khong et d'autres jeunes femmes et hommes s'efforcent au péril de leur vie d'aider les villages bombardés.
Elle raconte : "Le village de Tra Loc fut bombardés et les travailleurs de l'EJSS nous racontèrent que l'intensité delà colère et de la haine était très élevée parmi les paysans. Ils décidèrent d'aider les paysans à reconstruire leurs maisons. Après plusieurs mois d'efforts communs, les bombes tombèrent à nouveau, détruisant tous leurs efforts. La terreur, la haine et le désespoir étaient partout. Nos amis rassemblèrent leur courage et une nouvelle foi aidèrent à la reconstruction des maisons, des écoles et du centre de soins. Puis d'autres bombardements, réduisirent leurs efforts en cendres. Après un quatrième bombardement, il leur devint vraiment difficile de garder leur sérénité. Tous voulaient attraper un fusil et se battre. Mais grâce à la pratique de la méditation et de la compréhension profonde, ils se rendirent compte que prendre les armes ne feraient qu'empirer les choses, alors ils se remirent
au travail pour manifester leur soutien, leur amour et leur attention envers ceux qui souffraient tant."

Par la suite, l'EJSS qui restait suspecte aux yeux du gouvernement en place subit des attentats, des grenades furent jetés dans les dortoirs en pleine nuit. Dix-huit personnes furent tuées ou grièvement blessées. Après une journée de pratique de méditation solitaire, Soeur Chan Khong écrivit le texte suivant qui fut lu aux funérailles : "Nous n'avons aucune haine contre vous, vous qui avez jeté ces grenades et tué nos amies, parce que nous savons que les hommes ne sont pas nos ennemis. Nos seuls ennemis sont le manque de compréhension, la haine, la jalousie, le malentendu et l'ignorance qui conduisent à de tels actes de violence. Permettez-nous de faire disparaître ce malentendu pour que nous puissions travailler ensemble pour le bien du peuple vietnamien. "

Elle risque la mort à de nombreuses reprises et connait la prison où elle pratique la méditation marchée. Quand elle est arrétée, elle se concentre sur sa respiration et évoque le Bouddha Avalokitesvara. A chaque instant, quelle que soit la situation, elle s'efforce de mettre en pratique l'enseignement bouddhique.

Une amie très chère s'immolera par le feu pour demander la paix et elle en éprouvera une très grande douleur.
Et puis, ce sera l'exil et le drame bouleversant des boat people qui fuient le Vietnam et qu'elle aidera de toutes ses forces, en même temps que se développera aux Etats-Unis un intérêt pour l'enseignement de Thich Nhat Hanh qui invite les vétérans du Vietnam à guérir leurs blessures par la pratique de la Pleine Conscience.
Le village de Pruniers voit le jour, et depuis, Soeur Chan Khong continue à pratiquer la respiration profonde tout en envoyant inlassablement colis et médicaments pour soulager des détresses.

Après 39 années d'exil, et de longs pourparlers, Thich Nhat Hanh a été accueilli par le gouvernement communiste en 2005 au Vietnam, soeur Chan Khong, toujours aussi discrète et effacée, l'a évidemment accompagné dans cette visite historique (ainsi qu'une centaine de moines et de nonnes et d'une sangha laïque). Depuis, les relations avec le Vietnam restent difficiles, un monastère créé par Thich Nhat Hanh a été saccagé et les nonnes et les moines dispersés.

Courage, bonté, dévouement inlassable, soeur Chan Khong incarne pour nous la compassion féminine d'une Kwan yin...