lundi 17 décembre 2012

Denise Legrix- Une extraordinaire centenaire


  
Célébrons encore une centenaire, disparue précisément à 100 ans en 2010, une extraordinaire grande dame : Denise Legrix
        

Denise Legrix : un soleil malgré les nuages



La disparition à l'âge de 100 ans de la peintre de la bouche Denise Legrix laisse un grand vide. Les hommages sont unanimes. Le 25 août dernier s'éteignait à l'âge de 100 ans, à son domicile de Lisieux, Denise Legrix, peintre de la bouche.
Ses obsèques ont été célébrées lundi 30 août 2010 en la cathédrale de Lisieux.  Par sa régularité, sa qualité et sa motivation, l'oeuvre de Denise Legrix s'inscrit dans cette belle et grande tradition artistique française qui a permis à tant d'artistes handicapés, privés de bras, d'exprimer leur talent. Elle laisse derrière elle une oeuvre importante constituée de plus de 8 000 tableaux (aquarelles et huiles) à l'inspiration impressionniste, de quatre livres, une association et de très nombreux témoignages de sympathie et de reconnaissance. Artiste-peintre sensible et passionnée, Denise Legrix était aussi une femme de caractère et de coeur.

Elle peignait et écrivait avec sa bouche. Le titre de son dernier livre, "Ma joie de vivre", récapitule toute sa vie. Née sans bras ni jambes, elle a toujours su témoigner et prouver "qu'avec peu, on peut réaliser beaucoup!"

Denise Legris est un petit bout de femme étonnante. Rien ne la prédestinait à vivre, ou du moins à vivre dans la joie : elle est née sans bras ni jambes...  Pourtant elle a vécu plus de 100 ans (1910-2010), le sourire aux lèvres et un désir constant chevillé à ce qu'elle avait de corps: faire partager sa joie de vivre aux autres et leur permettre de croire que, quels que soient nos handicaps ou nos limites personnelles, nous possédons en nous des capacités insoupçonnées.

Une magnifique philosophie de vie

Denise est née le 16 mai 1910 dans une petite ferme du Calvados dont ses parents, pauvres mais travailleurs, n'étaient que les métayers. Elle leur voue une admiration totale pour l'amour dont ils ont su sans cesse l'entourer. C'est cet amour inconditionnel, assure-t-elle, qui lui a permis de développer sa souplesse d'adaptation à tous les détails de sa vie quotidienne.

La proximité de la nature, la condition paysanne souvent difficile imprègnent la jeune Denise d'images simples, du sens de l'effort et d'une volonté solide. Intelligente, fine, rien ne lui échappe. Galvanisée par les exemples de la rude vie quotidienne de la ferme et soutenue par sa famille, elle acquiert une magnifique philosophie de vie qui est à la source de sa joie de vivre : accepter les situations les plus terribles et apprendre à les sublimer, découvrir tout ce qui peut en être tiré de bon et de positif.
Elle répétait souvent : "Le bonheur n'est pas de recevoir, mais de donner, ne consiste pas dans le gain, le faste, la volupté, mais dans le déroulement de petites joies acquises dans la paix du cœur."

"Ma pauvreté est mon inépuisable richesse"

Dotée d'une volonté hors du commun et entourée de l'affection des siens, elle développe, dès sa jeunesse, des techniques pour surmonter son handicap et gagner en autonomie. Elle apprend à maîtriser son corps déficient : pour manger, elle fait pivoter sa fourchette sur son moignon gauche par de légères contractions musculaires.
Pour se déplacer, assise sur une chaise sans fixation, elle lui imprime un faible balancement pour la faire pivoter sur un pied et avancer les trois autres, puis pivoter sur un autre et ainsi de suite jusqu'à destination... Elle acquiert ainsi une parfaite maîtrise du centre de gravité de chaque partie de son corps.

Avec de très courts moignons, sans prothèses, sans fauteuil roulant, sans équipement spécial - on n'est pas riche dans la famille - elle arrive à manger et à boire seule, à se maquiller, à se brosser les dents et à se coiffer elle-même.  "Rien n'est plus étonnant, dans son corps diminué, que l'explosion de cette volonté impétueuse", entend-on dire par ceux qui la connaissent.

Cette force de vie jaillissante va s'exprimer dans des apprentissages techniques invraisemblables. A force de petits actes de volonté répétés chaque jour avec constance, elle va apprendre à dessiner, peindre et écrire en ne guidant le porte-plume ou le pinceau qu'avec ses lèvres. Elle parviendra à s'affranchir, sans jambes ni bras, des distances et des obstacles. Elle parviendra à téléphoner et se déplacer seule, à parcourir la France et même le monde...

Denise ne se contente pas de vivre ces victoires comme de simples défis.  C'est pour elle une façon d'exprimer son désir de vivre et de témoigner de la richesse de toute vie, même dans un corps meurtri.

"j'ai vécu comme les autres... et, j'oserais dire, pour les autres."

Elle ne reste pas tournée sur elle-même, mais veut que sa vie soit aussi utile aux autres. En 1962, le procès fait à Liège à une maman (qui avait tué son enfant née avec des mains à la hauteur des épaules) va l'obliger à agir dans la société. Elle est demandée partout pour des conférences sur le droit de vivre avec un handicap. Elle invente et promeut une "Opération Espoir" qui permet de collecter 4 millions de francs en faveur de l'enfance handicapée.

S'impliquant toujours avec modestie, elle désire aider d'autres handicapés en leur enseignant ses techniques, en les aidant à développer des outils, en rassurant les parents... Combien de personnes touchées par un handicap physique lui doivent d'avoir pu rendre leur vie utile et heureuse ! 
En 1970, elle fonde sa propre Association pour dysméliques (difformité des membres) et écrit 3 livres. L'un d'eux, "Née comme ça", publié en 1960 et préfacé par le Dr André Soubiran, lui a valu de se faire connaître internationalement.
"Je ne suis qu'une partie d'humain mais qu'importe si cette partie, précisément, est porteuse d'âme"

Denise Legrix obtient plusieurs prix, devient Officier de la Légion d'honneur et reçoit la médaille du Mérite National. Elle partage son existence entre deux activités essentielles pour elles : le témoignage de sa joie de vivre et la peinture. "Le grand secret de l'être humain sur la terre où nous vivons, dit-elle, n'est-ce pas de découvrir en nous-mêmes, envers et contre tout, les pépites d'or de l'humain afin de pouvoir partager ce trésor souterrain avec les autres."

Son témoignage de vie est exemplaire, puissant et débarrassé de toute sensiblerie. C'est une invitation à découvrir en soi des richesses insoupçonnées, à les partager avec les autres, à aller de l'avant et à profiter à chaque petit instant de bonheur. Sa vie passionnante et son témoignage dérangeant furent un déclic et un souffle déterminant offerts à tous ses frères les handicapés, surtout à ceux qui doutent, qui hésitent, qui sont découragés et qui vivent dans l'attente d'une lueur d'espérance....

Denise Legrix, est le témoignage vivant de la valeur de toute personne humaine. A travers tant de difficultés et d'honneurs, elle a su maintenir le cap qu'elle s'était fixé : être porteuse d'un espoir immense pour de nombreuses personnes.
"Née privée de bras et de jambes, dit-elle, je ne suis peut-être qu'une partie de l'humain. Mais qu'importe si cette partie précisément est porteuse d'âme. Qu'importe si ce petit corps peut faire plus, grâce à ce manque, qu'il n'aurait fait dans sa plénitude matérielle."

"Le bonheur consiste dans le déroulement de petites joies acquises dans la paix du cœur"

Denise a signé de nombreuses toiles qui ont été exposées et achetées par des amateurs, des professionnels et des musées. La vie, la couleur, la joie paisible s'épanouissent sous son pinceau. Elle s'exprime sans le moindre complexe : "l'essentiel de ma vie c'est de peindre, dit-elle. Que ce soit avec ma bouche, quelle importance ? Ce qui compte c'est le résultat."
Les œuvres de Denise sont autant de confidences, de sourires et de mercis à la vie....

Source : Réussir ma Vie





dimanche 18 novembre 2012

Ayu Khandro Yogini centenaire


Ayu Khandro est un exemple extraordinaire d’une yogini qui a vécu jusqu’à un âge avancé en continuant inlassablement à pratiquer. Nous nous devions de  la rajouter aux centenaires remarquables célébrées dans le dernier numéro de Bouddhisme au féminin sur le thème de la vieillesse.


Ayu Khandro, yogini

L'histoire de Ayu Khandro est tout à la fois remarquable et semblable à celles de beaucoup d'autres yoginis qui ont vécu et sont mortes dans une quasi obscurité.
Sa biographie nous est parvenue grâce à Namkhai Norbu Rimpoche qui eut un bref mais très intense contact avec elle alors qu'elle avait déjà 113 ans et qu'il n'avait que quatorze ans.

Il étudiait dans un monastère et son professeur lui conseilla de rendre visite à une yogini accomplie, une grande dakini, nommée Ayu Khandro.

Lorsqu'il la rencontra, elle ne paraissait pas particulièrement vieille, elle avait de longs cheveux noirs et des mains de jeune femme. Elle accepta de lui donner des enseignements, ce qu'elle refusait généralement, car elle avait eu auparavant un rêve de son maitre lui disant de le faire.

Il resta près d'elle deux mois durant lesquels elle lui transmit beaucoup d'enseignements et répondit à ses questions, réponses qu'il nota, fait inhabituel pour un tibétain, et ce sont ces notes qui ont permis de rédiger la biographie de Ayu Khandro.
(publiée dans l'ouvrage de Tsultrim Allione : voir dans notre rubrique livres (Women of  Widsom)

Lorsqu'elle naquit en 1839, le "Togden" Rangrig était dans la maison ce jour là et lui donna le nom de Dechen Khandro. (rappelons qu'un Togden est un yogi tibétain, et que c'est la lignée des Togdenma, yoginis Kargyuptas que Tenzin Palmo essaie de restaurer).
Cadette d'une nombreuse famille, Ayu Khandro montra très jeune un intérêt intense envers une pratique spirituelle et décida à l'âge de sept ans de rejoindre sa tante qui vivait dans une grotte et pratiquait la méditation sous la direction spirituelle du Togden Rangrig.


Ayu Khandro servait sa tante et l'accompagnait lors de ses pérégrinations, y compris lors de visites à des lamas éminents, mais à l'âge de dix-neuf ans, ses parents firent pression sur elle et la marièrent pour des questions d'argent, en dépit de son ardent désir de poursuivre sa pratique. Elle resta mariée trois ans, puis tomba gravement malade.
Comprenant que l'origine de sa maladie venait du conflit entre la vie profane et la vie spirituelle qui l'appelait, son mari accepta de la laisser aller et le mariage fut dissous.


Elle retourna aussitôt vers sa tante et le Togden Rangrig qui mourut quelques années plus tard. Lors de la crémation de son maître, sa tante quitta son corps en posture de méditation et fut reconnue alors comme une grande yogini.

Dès lors, Ayu Khandro mena une vie d'errance, accompagnée d'autres yoginis et yogis, recevant des enseignements au fil de ses rencontres avec des yogis plus avancés et pratiquant de façon intensive.

A l'âge de quarante six ans, elle entreprit une retraite de sept ans dans l'obscurité. Par la suite, elle s'installa dans une petite hutte de pierre où elle recevait des disciples. c'est là que Namkhai Norbu Rimpoche la rencontra.

Il revint sur place après sa mort et apprit les circonstances remarquables qui avaient entourées son départ de ce monde.
A l'âge de 115 ans, trois semaines avant sa mort, elle donna des instructions pour préparer le bûcher de crémation. Elle quitta son corps en méditation, son corps restant dans la posture pendant deux semaines, d'autres prodiges se produisant au moment de la crémation.

Ayu Khandro est le modèle parfait de la yogini déterminée, qui passa sa vie à mettre en pratique les enseignements spirituels qu'elle avait reçus depuis son plus jeune âge.
C'est son désir ardent et exceptionnel de se donner à sa méditation qui lui a permis d'atteindre les plus hautes réalisations. Elle est pour nous une extraordinaire inspiration.


Source : Bouddhisme au féminin

samedi 27 octobre 2012

L'expérience du Sacré à travers le Kalachakra

Frederic Lenoir et Leili Anvar reçoivent Sofia Stril Rever dans Les Racines du Ciel, sur France Culture, le dimanche matin de 7 à 8h.

 Une interview éclairante qui nous permet de mieux saisir le sens des pratiques du bouddhisme tibétain, mantras, mandalas, visualisations


lundi 17 septembre 2012

La responsabilité universelle

Dans le même ordre d'idée que le numéro 15 du magazine sur l'Action Juste, une interview en deux parties de Sofia Stril Rever à Sagesses Bouddhistes :






Deuxième partie :



jeudi 6 septembre 2012

Ayya Khema : Pluie de gouttes emplit un seau

L'effort juste est une des étapes du Noble Chemin Octuple, essentiel en toutes circonstances tant dans les entreprises mondaines que dans la pratique spirituelle. L'effort juste est nécessaire mais ayant quelques difficultés à comprendre ce dont il s'agit, nous commettons beaucoup d'erreurs. La plupart du temps nous péchons par manque d'effort mais comment nous en rendre compte.

Etablissons une ligne de conduite. Le soir, au moment du coucher, nous pouvons récapituler les événements de notre journée et nous poser la question: « Ai-je vraiment fait un effort aujourd'hui? Suis-je allé jusqu'à ma limite personnelle (quelle qu'elle soit), ou me suis-je arrangé pour en faire le moins possible?» Nul besoin de s'adresser à une tierce personne, qui d'autre que moi pourrait donner la réponse ? Pourquoi en parler aux autres, le constater personnellement suffit. 

L'effort juste consiste à s'efforçer de réaliser quelque chose avec toutes nos capacités physiques et mentales. Pour chacun, elles sont différentes et chacun doit savoir quelle est sa limite. Il est loisible d'en juger communément ainsi: « Ai-je essayé d'aller juste un tout petit peu plus loin qu'hier? Ai-je essayé de me lever cinq minutes plus tôt? De me souvenir de deux mots supplémentaires du texte psalmodié?» Il ne s'agit pas d'efforts minuscules mais d'efforts justes. « Suis-je parvenu à rester assis plus longtemps dans la même position? Deux secondes ou cinq minutes de plus? Ai-je essayé de rester concentré un petit peu plus longtemps, d'avoir moins de pensées négatives aujourd'hui? », ne serait-ce qu'une de moins ? II faut beaucoup de gouttes d'eau pour remplir un seau. 

Le chemin spirituel n'est pas un arc-en-ciel multicolore qui apparaît au moment idoine. La voie est constituée de très petits pas, comme la vie est constituée de très petits incidents. En général, l'existence n'est pas formée de quelques grands événements qui ne se présentent qu'une, deux, trois, ou quatre fois dans une vie. 
Chaque jour est tissé de très petits événements renouvelés du matin jusqu'au soir, pendant cinquante, soixante, soixante-dix ou quatre-vingts ans. Notre effort devrait être similaire, infime peut-être, mais juste un petit peu plus grand que la veille. II est certain que, continuant ainsi pendant un certain temps, le seau finira par se remplir. 
Un jour nous aurons à fournir le dernier effort, dernier effort qui éliminera totalement l'illusion, l'illusion de l'ego. 
Mais, à moins de s'efforçer chaque jour, aussi petites que soient ces tentatives, cela ne se produira pas parce que nous rétrograderons. 

Notre intérêt se porte vers les sensations agréables. Nous désirons une vie exquise et confortable, c'est pourquoi l'effort - juste ce petit plus - s'avère inconfortable. En fait, confort et inconfort n'ont pas vraiment d'importance car ils ne produiront rien de notable. Mais si l'on s'en préoccupe, notre capacité pour l'effort diminuera. Si nous restons incapables d'ignorer un moment notre confort personnel, nous nous retrouverons sans stimulation ni motivation. Et finalement, si nous ne fournissons jamais ce genre d'effort, nous ne saurons plus du tout pourquoi nous agissons, et, nous ne rechercherons qu'une vie douillette. Dévaler la pente est beaucoup plus facile que de la grimper, quelle que soit la manière! 

Le corps obéit à la loi de la gravité, l'esprit aussi. Il est tellement plus aisé de se laisser glisser. Ce petit mouvement supplémentaire de l'esprit au profit d'un sur-effort supplémentaire procure beaucoup de satisfaction. Il devient loisible de récapituler sa journée avec un esprit satisfait. 

Il n'est pas conseillé de laisser passer un jour sans recollection. Comment pourrions-nous apprendre ce qui est important et ce qui ne l'est pas si nous ne passons pas nos actions au crible? Lors de cette révision nous voyons que le petit effort supplémentaire donne un sentiment de contentement: « J'ai essayé. J'ai essayé et j'ai réussi à vaincre encore une petite résistance. » 

Un seul moment est là : le présent. Le futur n'existe pas. C'est une création de notre imagination. Lorsque finalement le futur survient, c'est le présent. Rien ne peut être produit dans le futur. Tout ce que nous imaginons concernant le futur ne se passera jamais comme imaginé parce que la personne qui imagine n'est pas celle qui fera l'expérience d'une production future. Donc, se soucier du futur est une perte de temps. Fouiller le passé est certainement aussi une complète perte de temps. Il est irrémédiablement enfui. Il ne reviendra jamais. Il ne peut pas être ressuscité. Nos souvenirs sont défaillants, c'est pourquoi nous ne pouvons pas nous remémorer avec précision les événements anciens. La seule chose utile à savoir à propos du passé est de reconnaître que telle action fut une erreur. Ce serait bien d'être capable de tirer la leçon de cet événement particulier afin de ne pas répéter la même méprise. Voilà un sujet vivement réglé, nous avons d'ailleurs tout avantage à laisser de côté tout autre aspect du passé.

Source Bouddhisme au féminin

mercredi 5 septembre 2012

Ayya Khema répond à des questions sur la mort et la maladie

Ayya Khema  est merveilleuse de sérénité face au cancer qui va l'emporter, un grand enseignement








Deuxième partie :




mardi 3 juillet 2012

4 - Joan Halifax : Le bouddhisme engage par la compassion et la veritable nature de l’empathie





Joan Jiko Halifax (née en 1942) est un roshi Zen, anthropologiste, écologiste, activiste des droits civiques, soignante en hospice, et auteur de plusieurs livres sur le bouddhisme  et la spiritualité. Elle a la fonction actuellement d’abbé et d’enseignante à l’Upaya Zen Center à Santa Fe, une communauté Zen Peacemaker  qu’elle a fondé en 1990.

Halifax-roshi a reçu la transmission du Dharma de Bernard Glassman et de Thich Nhat Hanh. Elle avait étudié auparavant sous la direction du maître coréen Seung Sahn.

Joan Halifax est né à Hanover, New Hampshire en 1942.  À l’âge de quatre ans, une infection virale la rend aveugle, elle recouvre la vue deux ans plus tard. Dès 1964, elle participe au mouvement pour les droits civiques et aux manifestations contre la guerre du Vietnam. En 1965, elle lit des ouvrages sur le bouddhisme et commence toute seule à méditer. Elle obtient un doctorat en anthropologie médicale et en psychologie et travaille à l’Université de Miami. Elle se rend au Mali où elle étudie la population Dogon, puis au Mexique pour étudier la population Huichols.

Joan Halifax épouse Stanislas Grof en 1972 pour un mariage qui sera de courte durée. Ils étudient l’utilisation du LSD comme support pour les mourants. Elle publie conjointement avec lui « La rencontre de l’homme avec la mort » en 1977.

En 1979, Elle crée la Fondation Ojai, un centre éducatif et interreligieux. En 1990, Elle fonde le centre Zen Upaya, situé à Santa Fe, Nouveau-Mexique. Outre la pratique du Zen, le centre propose différents séminaires et journées de retraites sur des sujets tels que le bouddhisme engagé et les soins aux mourants.

Comme on vient de le voir, Joan Halifax a accompli un travail considérable avec les mourants cours de sa carrière.

Le Professeur Christopher S. Reine-écrit dans le livre « Westward Dharma » : « Joan Halifax enseigne une façon d’être avec la mort et les mourants » à des malades en phase terminale, à des médecins, à des infirmières, à des couples, à des familles et à des amis. Elle parle calmement, avec autorité. Dans une culture où la mort est un ennemi qui doit être ignoré, nié, et caché, Joan touche les mourants, les écoute, les réconforte, les calme et allège leur souffrance par tous les moyens possibles. Elle partage leurs pensées et leurs peurs, elle accompagne leur dernier souffle en les tenants dans ses bras. Elle visite aussi bien l’église que la synagogue, les centres de soins palliatifs et les hopitaux, dispensant d’une façon souple des techniques et une approche issues de la pratique bouddhiste. »



vendredi 8 juin 2012

3 - Maitre Cheng Yen : La compassion bouddhiste en action



Nominée pour le prix Nobel de la paix en 1993, Maitre Cheng Yen a reçu au fil des années de nombreuses récompenses pour son action auprès des déshérités, il est très dommage qu'elle reste quasiment inconnue en Occident.

Elle nait en 1937 dans une petite ville de Taïwan. Après la mort subite de son père en 1960 qui lui fait prendre conscience de la précarité de l'existence, elle quitte sa famille, abandonnant une vie confortable pour devenir nonne.

Elle se rase elle-même la tête (ce qui tout à fait hors de la tradition) pour devenir novice. En 1963, elle rencontre l'un des très respectés maitres du dharma de Taïwan qui consent à être son maitre, procède à son ordination et lui donne son nom du dharma Cheng Yen. Il lui enseigne de travailler pour le Bouddhisme et tous les êtres, un objectif qu'elle a toujours poursuivi.

Son charisme hors du commun attire très rapidement autour d'elle quelques disciples qui vivent à ses côtés dans la plus grande pauvreté. En dépit de leurs difficultés, Maître Cheng Yen s'en tient fermement à sa décision de ne rien accepter des autres, avec pour règle : un jour sans travail est un jour sans nourriture. Elles travaillent toutes très dur pour subvenir à leurs besoins et étudient le soir et la nuit.

Un jour, alors qu'elle rend visite à un disciple à l'hopital, elle voit sur le sol, les traces de sang laissées par une femme qui ne pouvait payer les frais médicaux requis pour une fausse couche. La douleur que lui cause ce sang est le catalyseur qui va la pousser à établir the Buddhist Compassion Relief Tzu Chi Foundation.

Un peu plus tard, trois nonnes catholiques viennent lui rendre visite. Elles reconnaissent que le Bouddhisme parle de compassion pour tous les êtres et que ses enseignements sont profonds. Toutefois, les catholiques construisent des hopitaux, des écoles et des églises dans les zones les plus reculées pour aider les pauvres. "Qu'est-ce que fait le bouddhisme" lui demandent-elles ? et le Maître ne peut répondre.

Les trente premières donatrices de la fondation sont des femmes au foyer qui donnent chaque jour 50 centimes (2 centimes d'euro) pour aider les pauvres. La fondation est officiellement établie en 1966. Elle compte à l'heure actuelle plusieurs millions de membres. Avec ses quatres missions majeures d'aide aux démunis, de soins médicaux, d'éducation et de culture, elle a construit des hopitaux, des écoles et aidé des millions de gens dans le besoin à travers le monde.

Maître Cheng Yen a permis à des millions de volontaires d'aider les autres de la façon la plus altruiste. Elle estime que la misère dans ce monde n'est pas seulement dûe à la pauvreté, mais aussi à un manque de sens à la vie. Et elle souligne que la vie qui a le plus de sens est celle qui est consacrée au service de ceux qui sont dans le besoin. C'est avec cette compréhension qu'elle est à la fois à la tête de la fondation et son guide spirituel.

Ses objectifs sont : purifier l'esprit, harmoniser la société, aider les pauvres et éduquer ceux qui sont plus prospères. Elle pense que l'amélioration de la société ne peut venir de la société elle-même mais de ses membres.
C'est par une croissance personnelle individuelle que des changements profonds sont possibles à l'échelle de la société.
 
Maître Chen Yen voit l'individu comme un agent crucial du changement dont l'éveil résulte du développement de la compassion. Développer l'esprit du don chez les membres de la fondation est d'ailleurs d'une importance égale à l'utilisation du don lui-même.

A ce propos, il est intéressant de savoir qu'alors qu'elle luttait pour trouver des fonds en vue de terminer l'hopital qui était en construction, un philantrope lui offrit une généreuse contribution qui excédait ce qui était requis. Or, Maître Cheng Yen déclina poliment son offre, en effet l'hôpital devait servir non seulement à sauver des vies, mais également à offrir à de nombreuses personnes la possibilité de donner. C'est ce même principe qu'elle a constamment appliqué à toutes les oeuvres de la fondation.

Précisément, construire l'hopital se révéla l'un des défis les plus difficiles pour elle. Comment pouvait-elle refuser une offre aussi généreuse à un moment où elle en avait le plus besoin ? Comment pouvait-elle décider même de chercher à construire un hôpital qui coûterait des millions, alors qu'elle n'avait rien ? C'est par la foi dit-elle, la foi que mes intentions étaient pures, la foi en moi-même et en les autres, et que dans le coeur de chacun(e) il y a un amour qui attend d'être éveillé.

Bien que Cheng Yen approche les soixante-dix ans, elle ne ralentit en rien son activité. Chaque matin, elle offre un enseignement de 25 minutes qui est une inspiration. Chaque soir, elle offre une autre causerie d'une douzaine de minutes. Elle reçoit de nombreux visiteurs et supervise activement les nombreux projets de la fondation.
En 1998 Cheng Yen a lancé une chaine de télévision intitulée the Da Ai (Great Love) Télévision Station dont l'objectif est d'offrir des programmes sans violence, sans guerre, sans exploitation, c'est-à-dire sans toutes les choses négatives qui souillent l'esprit de l'être humain.
 
A ce jour, sans soutien commercial, Da Ai continue 24 heures sur 24 à proposer ses programmes, en partie financés par du recyclage à l'échelon du pays. Des individus et des entreprises contribuent également par des donations à permettre à la chaine de maintenir son statut non commercial.

Les nouvelles qui y sont donnés sont non politiques et libres de négativité et de violence, Maître Cheng Yen y donne régulièrement des causeries et des conférences et soutient tous les programmes visant à promouvoir les vertus d'une vie juste, donnant ainsi aux gens les moyens d'opérer des changements majeurs dans leur vie.

jeudi 24 mai 2012

2 - Aung San Suu Kyi : Le bouddhisme dans l’engagement politique




Aung San Suu Kyi rencontre les familles de... par NTDFrancais Née le 19 juin 1945, à Rangoon, de Aung San, leader de la libération de la Birmanie et de Daw Khin Kyi, ambassadrice de la Birmanie à Dehli en Inde, Aung San Suu Kyi est une femme politique birmane. Elle est secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et fut en 1991 prix Nobel de la paix. Aung San Suu Kyi est l’épouse de Michael Aris et mère de deux enfants (Alexander et Kim) Elevée en Birmanie, en Inde, puis en Grande Bretagne par sa mère à la suite de l’assassinat de son père en 1947, Aung San Suu Kyi est diplômée en philosophie, en économie et en sciences politiques.

En 1967, elle s’installe à New York où elle s’inscrit pour effectuer un second cycle d’études supérieures. Elle devient alors secrétaire-assistante du comité des questions administratives et budgétaires des Nations-Unies.

Mais après quelques temps passé dans ce pays, Aung San Suu Kyi fut contrainte de rentrer en Birmanie dans les années 1988 afin de soigner sa mère malade.

 C’est à cette période que, suite à la démission du général Ne Win, chef de la junte militaire birmane, aux troubles nées dans le pays après cet évènement et à son influence par la philosophie non violente du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King que, Suu kyi décide de fonder avec ses amis politiques la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Elle occupe alors le poste de secrétaire générale de la ligue et ses engagements de non-violence en ce qui concerne la mise en place d’un régime démocratique furent très appréciés par la population.

 Ce succès amène la junte militaire au pouvoir à détenir Aung San Suu Kyi à son domicile en juillet 1989 afin de réduire son influence sur la population.

Malgré cette assignation, le parti de l’opposante birmane remporte les élections de 1990. Mais la junte annule les résultats de l’élection et prolonge la mise en détention de Suu Kyi. Elle n’est libérée qu’en juillet 1995 et ne peut sortir du territoire sous peine de se voir refuser le droit de revenir en Birmanie. Elle doit alors rester séparée de ses enfants et de son mari qui meurt d’un cancer de la prostate en 1999.

Après cette première détention, elle connaît une autre assignation à résidence qui durera de mai 2003 à novembre 2010, le jour de sa libération définitive. Cette libération est survenue suite à des soutiens venus de part et d’autre du monde entier. A travers sa politique de non-violence, Aung San Suu kyi a obtenu plusieurs récompenses dont le prix Rafto, le prix Sakharov, le prix Nobel de la paix et la médaille présidentielle de la liberté.

On l'appelle la Dame de Rangoon. Calme et obstinée, elle a inlassablement oeuvré toute sa vie pour la démocratie et le renouveau économique de son pays, la Bimanie. Libérée après plus de 15 ans de privation de liberté, elle est le seul espoir pour des millions de birmans.

 En 20 ans, elle est devenue une icône mondiale de la démocratie et rares sont les gouvernements ou les structures internationales qui ne lui ont pas fait part de leur soutien, à travers de solennelles déclarations publiques ou de multiples prises de position politiques ou économiques.

Entrée au Parlement Ayant été autorisée à se présenter aux élections législatives partielles de 2012, elle a enregistré sa candidature le 18 janvier 2012.

 Le 1er avril 2012, elle remporte très largement le scrutin et obtient ainsi son premier mandat officiel : celui de députée. Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), prétend avoir remporté au moins 43 sièges des 45 sièges en jeu et les résultats officiels portant sur 40 sièges indiquent que tous ceux-ci ont été remportées par la LND.

Toutefois, le parti reste très minoritaire dans la chambre basse qui compte 435 sièges, et les prochaines élections générales ne sont prévues que pour 2015. Elle siègera officiellement au parlement le 23 avril 2012.

Ce pourrait être son premier voyage depuis 24 ans, Aung San Suu Kyi a prévu de se rendre en Europe, en Grande-Bretagne et en Norvège au mois de juin 2012. Le porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères a annoncé son déplacement à Oslo en juin et un porte-parole de Aung San Suu Kyi a mentionné un voyage à Londres.

Source : Bouddhisme au feminin

mercredi 2 mai 2012

1 - Soeur Chan Khong – Le bouddhisme engagé par la force de l’amour





Il y a des vies qui sont des enseignements, et certainement celle de soeur Chan Khong en est un.

Arnaud Desjardins écrit au dos de son autobiographie "La Force de l'Amour" (voir livres) qu'elle est à la fois reportage de guerre et témoignage que seul l'amour est plus fort que la violence. Un livre qui, ajoute-t-il, nous donne une haute idée de la femme.

Thich Nhat Hanh écrit en introduction de ce même ouvrage qu'il permet de découvrir que soeur Chan Khong est un véritable bodhisattva, et il est vrai qu'on demeure émerveillé devant la somme de compassion en action que soeur Chan khong a déployée tout au long de sa vie et particulièrement dans les terribles circonstances de la guerre du Vietnam.

Quelle force intérieure et quelle humilité. Sans ce livre qui répondait à une demande d'amis, on n'aurait rien su d'elle ; en effet, elle demeure toujours en retrait, fidèle et discrète derrière Thich Nhat Hanh qu'elle a accompagné et soutenu dans tous ses combats.

Sur le site du célèbre village des Pruniers on trouve bien sûr une biographie de Thich Nhat Hanh , mais le seul endroit où nous ayions trouvé mention de soeur Chan Khong concerne l'aide qu'il est possible d'apporter au Vietnam où tant de gens sont toujours dans des situations très difficiles.

Née en 1938, Soeur Chan Khong vient d'une famille qui pratiquait la générosité et l'aide aux autres comme quelque chose d'évident et de naturel, et c'est aussi tout naturellement, alors qu'elle n'est encore qu'une adolescente, qu'elle prend l'habitude de à se rendre dans un bidonville pour aider les pauvres gens. Dès qu'elle rencontre Thich Nhat Hanh, elle le reconnait comme le maître spirituel qu'elle cherchait et s'engage très activement à ses côtés dans des actions pour un changement social, notamment en fondant l'Ecole de la jeunesse au service social (EJSS). C'est alors que le gouvernement au pouvoir, chrétien et lié aux occidentaux, se met à persécuter les bouddhistes de la façon la plus aveugle. Des moines et des nonnes s'immolent par le feu...

Soeur Chan Khong raconte son action incessante, tout au long de la guerre effroyable qui va opposer le Nord et le Sud, pour arrêter l'horreur et aussi les occasions perdues de dialogue et de paix. Quand on prend connaissance par une actrice directe des drames qui se jouent et qui résultent de l'escalade implacable de la violence et de la guerre, on mesure avec horreur le fossé qui sépare les dirigeants enfermés dans leurs schémas mentaux simplistes de la réalité de la souffrance quotidienne des gens. Et cette tragédie se répète encore et encore...


La guerre s'intensifie, soeur Chan Khong et d'autres jeunes femmes et hommes s'efforcent au péril de leur vie d'aider les villages bombardés.
Elle raconte : "Le village de Tra Loc fut bombardés et les travailleurs de l'EJSS nous racontèrent que l'intensité delà colère et de la haine était très élevée parmi les paysans. Ils décidèrent d'aider les paysans à reconstruire leurs maisons. Après plusieurs mois d'efforts communs, les bombes tombèrent à nouveau, détruisant tous leurs efforts. La terreur, la haine et le désespoir étaient partout. Nos amis rassemblèrent leur courage et une nouvelle foi aidèrent à la reconstruction des maisons, des écoles et du centre de soins. Puis d'autres bombardements, réduisirent leurs efforts en cendres. Après un quatrième bombardement, il leur devint vraiment difficile de garder leur sérénité. Tous voulaient attraper un fusil et se battre. Mais grâce à la pratique de la méditation et de la compréhension profonde, ils se rendirent compte que prendre les armes ne feraient qu'empirer les choses, alors ils se remirent
au travail pour manifester leur soutien, leur amour et leur attention envers ceux qui souffraient tant."

Par la suite, l'EJSS qui restait suspecte aux yeux du gouvernement en place subit des attentats, des grenades furent jetés dans les dortoirs en pleine nuit. Dix-huit personnes furent tuées ou grièvement blessées. Après une journée de pratique de méditation solitaire, Soeur Chan Khong écrivit le texte suivant qui fut lu aux funérailles : "Nous n'avons aucune haine contre vous, vous qui avez jeté ces grenades et tué nos amies, parce que nous savons que les hommes ne sont pas nos ennemis. Nos seuls ennemis sont le manque de compréhension, la haine, la jalousie, le malentendu et l'ignorance qui conduisent à de tels actes de violence. Permettez-nous de faire disparaître ce malentendu pour que nous puissions travailler ensemble pour le bien du peuple vietnamien. "

Elle risque la mort à de nombreuses reprises et connait la prison où elle pratique la méditation marchée. Quand elle est arrétée, elle se concentre sur sa respiration et évoque le Bouddha Avalokitesvara. A chaque instant, quelle que soit la situation, elle s'efforce de mettre en pratique l'enseignement bouddhique.

Une amie très chère s'immolera par le feu pour demander la paix et elle en éprouvera une très grande douleur.
Et puis, ce sera l'exil et le drame bouleversant des boat people qui fuient le Vietnam et qu'elle aidera de toutes ses forces, en même temps que se développera aux Etats-Unis un intérêt pour l'enseignement de Thich Nhat Hanh qui invite les vétérans du Vietnam à guérir leurs blessures par la pratique de la Pleine Conscience.
Le village de Pruniers voit le jour, et depuis, Soeur Chan Khong continue à pratiquer la respiration profonde tout en envoyant inlassablement colis et médicaments pour soulager des détresses.

Après 39 années d'exil, et de longs pourparlers, Thich Nhat Hanh a été accueilli par le gouvernement communiste en 2005 au Vietnam, soeur Chan Khong, toujours aussi discrète et effacée, l'a évidemment accompagné dans cette visite historique (ainsi qu'une centaine de moines et de nonnes et d'une sangha laïque). Depuis, les relations avec le Vietnam restent difficiles, un monastère créé par Thich Nhat Hanh a été saccagé et les nonnes et les moines dispersés.

Courage, bonté, dévouement inlassable, soeur Chan Khong incarne pour nous la compassion féminine d'une Kwan yin...